Soignant, pas écoutant ?

Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur RCF – 8 avril 2024

A l’occasion d’une rencontre avec des soignants, un kinésithérapeute me confie qu’il est surpris et parfois désarmé par le besoin d’écoute de ses patients concernés par le handicap d’un enfant ou d’un conjoint. Pour ma part, je ne suis pas surprise. Cela fait immédiatement écho à plusieurs personnes que j’ai rencontrées à l’OCH. Une femme en souffrance psychique qui m’a dit avant même de se présenter : « quand je vais à la pharmacie, on m’accorde 5 minutes, à la CAF pas plus de 3 minutes, et quand je vais voir mon généraliste, il me dit que de nombreuses personnes attendent dans la salle d’attente, il faut toujours faire vite. Et vous, me dit-elle, combien de temps avez-vous à m’accorder ? ». Cette femme était assurément en manque d’oreille attentive. A contrario, un conjoint bien malmené par le caractère et la maladie de son épouse me confiait que, grâce à son kiné, il tenait le coup. Pendant qu’il était massé pour ses problèmes de dos, il évoquait ses soucis et cela lui faisait du bien. Il en avait conclu : c’est un kiné qui masse avec ses mains et son cœur.

Bruno : Peut-on faire un métier de soin sans écouter ?

Le soignant s’intéresse à son patient, il écoute ses besoins pour apporter une solution selon sa spécificité. Il est probable que certains soignants réparent plus qu’ils n’écoutent.  Par ailleurs, beaucoup de soignants surchargés manquent cruellement de temps pour écouter leurs patients. J’ai rencontré des infirmières comme Eva, en souffrance parce qu’elle n’avait plus jamais le temps de se poser à côté de ses patients, de s’intéresser à eux. Elle se sentait déshumanisée. Christian Bobin, écrivain et poète écrivait « Ecouter, c’est quand on aime ». Les soignants ont-ils le temps d’aimer leur patient ? Ont-ils le souhait d’aimer leur patient ? Ecouter demande une disposition de cœur et du temps. C’est un défi pour les soignants et pour chacun d’entre nous qui courons après le temps. Virginie témoigne que parfois elle s’installe à une terrasse de café avec comme deux seules intentions, s’émerveiller de ce qui l’entoure et prêter ses oreilles à celle qui viendra s’asseoir, seule. « Cette disposition à écouter doit attirer, me dit-elle, car il n’y a pas un matin où une personne ne m’ait confié quelque chose de sa vie ». 

Bruno : Dans ses missions, l’OCH propose une écoute. La disposition et le temps sont des incontournables ? c’est exigeant !

« Prêter l’oreille » est une belle expression, il me semble, pour répondre à votre question Bruno. Les écoutants de l’OCH prêtent leurs oreilles avec ce qu’ils sont. Ils font circuler la vie qui vient de plus grand qu’eux. Ils offrent du temps, leur présence et vivent – pas seulement en ce temps de Pâques – du Christ ressuscité qui sauve, qui se fait présent dans le cœur de chacun. Plus qu’exigeant, c’est joyeux ! Nous avons tous 2 oreilles pour écouter, pas seulement pour entendre. Ouvrons-les à ceux que nous rencontrons et contactez l’équipe Ecoute & conseil de l’OCH au 01 53 69 44 30 pour un soutien, un lien ou une écoute. 

Chroniques animées par Bruno Fumat sur les ondes de RCF.

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