Actus

60 ans de l’OCH : « Une sensation de joie »

Les 60 ans de la Fondation OCH, le 21 octobre, à Angers.
Les 60 ans de l’Office chrétien des personnes handicapées ont été fêtés dans six villes différentes, ici à Angers. © Caroline de la Goutte

À l’occasion des 60 ans de l’OCH (Office chrétien des personnes handicapées), samedi 21 octobre, six fêtes étaient organisées dans six villes de France pour porter haut l’ADN de la Fondation : la rencontre entre personnes touchées par tous types de handicap, sans restriction, et la société. Des témoins de ces journées reviennent sur l’événement, et la directrice de la Fondation, Florence Gros, se projette dans l’avenir.

Daphné Lefort vit à Marseille depuis deux ans. Présente aux festivités de samedi dernier, elle a longtemps participé aux « Journées des mamans » de l’OCH (Office chrétien des personnes handicapées). Son fils aîné, Édouard, 19 ans, est sourd ; il présente des troubles du comportement et un retard mental. Ses trois autres enfants ont déjà pris part aux journées pour les frères et sœurs, également organisées par la Fondation. Ce samedi, la famille a naturellement répondu présente à l’invitation des 60 ans. « Tout le monde était ravi de cette journée anniversaire, évoque Daphné Lefort. C’est important, pour les frères et sœurs, de baigner dans un milieu où ils rencontrent d’autres handicaps que ceux qu’ils connaissent. Avec Édouard, ce n’est pas toujours facile à cause de ses troubles du comportement ; il peut tout à coup avoir des réactions comme taper ses frères, et c’est très déstabilisant… Au début les garçons pensaient que ‘tous les sourds étaient comme ça’. L’OCH nous permet de vivre cette belle expérience d’ouverture. » 

Le besoin de se serrer les coudes, entre familles, revient plusieurs fois dans la bouche de cette maman. Certes, Daphné ne se trouve plus dans cet « espace critique où la moindre sortie était une bouffée d’air frais », car aujourd’hui son fils est en internat, mais elle reste fidèle à la « Journée des mamans », qui a été l’occasion de tisser du lien à leur arrivée à Marseille, il y a deux ans. « On a besoin d’avoir plus de réseaux, même s’il marche bien ici, insiste Daphné. On peut avoir tendance à rester beaucoup dans le microcosme chrétien. Il faudrait l’élargir à d’autres, qui sont plus loin de ce milieu-là, car il est si important d’être soutenu en tant que proche. » 

À Toulouse, les participants répètent une chanson composée pour les 60 ans © Fondation OCH

À Lyon, l’une des six autres villes où ont été soufflées les 60 bougies de la Fondation, Marine aussi est repartie enthousiaste, et animée d’une envie de s’investir dans le champ du handicap : « Chaque minute de cette fête restera gravée d’une sensation de joie », décrit-elle. Pourtant, cette jeune trentenaire pétillante n’était pas familière du monde du handicap. C’est grâce à Alexandra, jeune femme parisienne atteinte d’une lourde maladie génétique, qu’elle a pour la première fois franchi le pas de la rencontre, celle-ci ayant déposé un rêve via « Ose la rencontre » – un projet déployé tout au long de l’année anniversaire de l’OCH. « Alexandra souhaitait réaliser un podcast et je lui ai proposé mon aide, raconte Marine. Nous avons beaucoup parlé, rigolé, nous nous sommes raconté des choses personnelles… J’ai prêté mon attention à une personne qu’on ne recrute pas, malgré ses grandes qualités relationnelles et intellectuelles, à cause de son handicap. Ces situations de vie contribuent grandement à nourrir ma volonté de faire bouger les choses ! » La jeune femme aimerait surtout « inciter les gens à se rapprocher du monde trop méconnu du handicap, à surmonter leurs peurs, à faire baisser leurs barrières pour rencontrer la richesse de toutes ces personnes. »

Cet élan est précisément ce que souhaite faire vivre la Fondation : « Pour ses 60 ans, nous voulions vivre en grand la signature de l’OCH, qui est ‘la lumière d’une rencontre’ », souligne Florence Gros, directrice de la Fondation. Cette année, nous avons vécu de nombreuses rencontres aussi extraordinaires qu’inattendues, et touché de nombreux jeunes qui ne connaissaient pas le handicap. Mais nous le savons, la fraternité est une longue marche ! Elle est désirée, mais pas innée. Elle demande un effort. Elle ouvre pourtant à des horizons et des joies inconnus jusqu’alors. Puisse l’OCH encore longtemps développer des actions pour être créatrice de liens, fraternels et amicaux, auprès des personnes handicapées dans la société et dans l’Église. En route ! »

Guillemette de Préval, avec Marilyne Chaumont, ombresetlumiere.fr – 26 octobre 2023

Partager