Télévision
A corps perdus
Handicapés de naissance ou à la suite d’un accident de la vie, ils viennent de France, du Brésil, d’Afghanistan et des États-Unis. Ils sont six athlètes à se préparer depuis quatre ans aux Jeux paralympiques à Paris. Au fil de leurs entraînements, ce documentaire révèle l’histoire de leur vie, leur courage et leur volonté de remporter une nouvelle médaille olympique.
Héros d’un documentaire qui donne un avant-goût des Jeux paralympiques, ces athlètes forcent l’admiration. Les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai, se penchent de près sur ces destins passionnants, dix jours avant le début de la compétition. Alexis Hanquinquant, cinq fois champion du para-triathlon, a perdu sa jambe à 24 ans dans un accident de travail. « Un jour, sur mon lit d’hôpital, j’ai rêvé que je serai champion paralympique. Pas une seule seconde, on a cru en moi ». Depuis, il participe à toutes les compétitions possibles, même celles destinées aux valides. Son souhait formulé à l’écran est que les paras soient reconnus comme des athlètes à part entière. Le Français déteste le mot ‘handicap’. « Je me sens capable de courir, de nager, de pédaler plus vite que n’importe qui, avec ma prothèse ».
Anne-Sophie Centis, elle aussi de nationalité française, a perdu la vue progressivement pour devenir aveugle à l’âge de 20 ans. Mère de famille, elle exerce, contre toute espérance, le métier de kinésithérapeute au CHU de Lille dans le service de réanimation pédiatrique. Chaque jour, elle s’entraîne dans l’espoir de participer à l’épreuve de cyclisme en tandem des paralympiques de 2024. « Lorsque je pédale, je pense à mes malades comme source de motivation. La souffrance que je vois à l’hôpital me permet de relativiser la mienne ». Sur son vélo, le premier mot qui lui vient à l’esprit est « résister ». « Résister, ça reflète un peu ma vie ».
« La souffrance que je vois à l’hôpital me permet de relativiser la mienne »
Zakia Khudadadi appartient à la communauté ethnique des Hazaras. Elle a dû fuir l’Afghanistan pour se réfugier en France quand les Talibans ont repris le pouvoir à Kaboul en 2021. Championne d’Europe de para-taekwondo, cette jeune femme dont le bras gauche est atrophié a choisi de concourir sous le drapeau français. « Je me suis promis de convaincre la société afghane que le handicap n’est pas une tare. »
Le Brésilien Gabriel Araujo, quant à lui, atteint d’une malformation congénitale, n’a pas de bras et ses jambes sont très courtes. Il a été six fois champion du monde de para-natation. Déterminant, et avec le soutien de sa mère, il affirme : « Il n’y a qu’un mot que je ne connais pas : renoncer. »
Oskana Masters est née en Ukraine trois ans après la catastrophe de Tchernobyl, qui l’a laissé avec de nombreuses malformations. Abandonnée de sa famille, elle a vécu ses premières années dans plusieurs orphelinats dans des conditions précaires et cauchemardesques – violence, sous-alimentation, abus sexuel…, avant d’être adoptée par une Américaine. Elle a dû être amputée des deux jambes.
Pour terminer, Cédric Nankin, l’attaquant de l’équipe de France de rugby fauteuil, confie d’une voix paisible : « Quand on pense handicap, on pense fragile. On veut nous surprotéger. Alors que le rugby fauteuil est un sport où on se rentre dedans. Dès que je suis dans le jeu, je me transforme ». Son coéquipier, Ryadh Sallem, illustre par ces mots l’esprit déterminé de ces battants : « Les jeux paralympiques ce sont un grand cri à la vie ».
Caroline de la Goutte, ombresetlumiere.fr
Mardi 20 août, France 2, 21h10. En replay sur France.tv jusqu’au 26/2/2025
« A corps perdus » est suivi d’un autre documentaire à 22h 50 : « Timothée Adolphe. La légende du Guépard blanc », sur cet athlète paralympique aveugle.