Actus

À Dieu, professeur Marie-Odile Rethoré

le Pr Marie-Odile Réthoré avec une maman et son jeune enfant trisomique.
© Institut Jérôme Lejeune.

Figure emblématique de l’Institut Jérôme Lejeune, pionnière dans la génétique humaine et dans la prise en charge de la déficience intellectuelle, le Professeur Marie-Odile Rhethoré est morte ce 17 avril 2023 à l’âge de 93 ans.

Sa vocation de médecin était née de son désir de prendre soin. Grande chercheuse, elle a participé à la découverte et à la description de plusieurs pathologies liées à des aberrations chromosomiques. Elle a été élue en 1995 à l’Académie nationale de médecine. Collaboratrice et bras droit du Professeur Lejeune durant plus de quarante ans, elle fait partie des trois fondateurs de l’Institut Jérôme Lejeune en 1998. Pendant soixante ans, elle s’est consacrée au soin des milliers de personnes qu’elle a reçues en consultation. Elle a profondément marqué patients et familles, qui ont croisé son chemin par son regard empli d’amour posé sur chacun.

Christel Quaix, ombresetlumiere.fr – 20 avril 2023

Extrait de l’intervention de Marie-Odile Rethoré à la journée des grands-parents organisée par l’OCH le 16 janvier 2010.

« Regardez cet enfant non pas comme un enfant handicapé, mais comme un petit-fils, une petite-fille qui possède votre message héréditaire, avec ses ombres et ses lumières.

Ce petit enfant possède un secret qu’il est le seul à posséder. Et toute son éducation doit lui permettre de s’épanouir et de devenir ce qu’il est réellement. Il faut une tendresse ferme ou une fermeté tendre. Ne vous laissez par martyriser : tirer les cheveux, arracher les lunettes, traiter de tous les noms d’oiseaux ! Il suffit quelquefois sans crier, avec une voix basse, de dire non, non, non… en regardant l’enfant tendrement. Quand il y a un mouvement de violence, gardez un moment de silence après avoir mis l’enfant à distance.

La souffrance du père est aussi forte que celle de la maman, mais elle s’exprime autrement. S’ils ont une attitude lointaine, ne les jugez pas. C’est souvent par pudeur. C’est peut-être simplement parce que votre fils, gendre, a peur de pleurer. On oublie beaucoup d’aider les papas. Or, l’éducation à la maison va énormément dépendre du père.

Les grands-pères doivent aider leur petit-fils handicapé à être fier de lui. Tout ce qui peut donner à cet enfant, cet adolescent ou cet adulte le sentiment de dignité est extrêmement important.

Votre petit-enfant handicapé n’est ni un ange, ni une poupée cassée ! Il faut l’aider à avoir des projets, le responsabiliser vis-à-vis des autres dès l’enfance, lui confier une responsabilité où personne ne le remplace : arroser les plantes, mettre de l’eau pour le chien… et s’il ne le fait pas, tant pis, personne ne le fera à sa place. Qu’il ait une responsabilité à son échelle.

Soyez prudents, sages, pas peureux ! Il faut absolument trouver le moyen de faire grandir cet enfant à nos yeux, les siens, et ceux des autres. »

Les obsèques seront célébrées mardi 25 avril à 11 heures à Saint Sulpice à Paris.

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