A la limite

La personne handicapée fait l’expérience douloureuse des limites de son corps. Vivre avec une personne handicapée, c’est également, mais dans une autre mesure, avoir des limites dans sa vie, ses déplacements et ses projets. Avoir des limites, c’est le propre de la condition humaine, mais en avoir plus que les autres, c’est difficile à accepter. Le handicap de Paul s’impose à moi.  Toute ma vie est sous contrainte. J’ai l’impression de pousser les murs en permanence pour trouver de l’air, l’air de la liberté que respirent les autres avec insouciance. Parfois j’étouffe. Parfois j’envie les autres familles surtout quand vient le temps des vacances. J’ai encore du chemin à faire pour mettre ma joie dans la joie des autres.

Le carême me fait réfléchir sur cette lutte permanente. Les efforts demandés n’ont pas, selon moi, comme première vertu le dépouillement du superflu et le retour à l’essentiel. Ils sont d’abord utiles pour nous apprendre à accepter nos limites avec humilité. Suis-je capable de renoncer à quelque chose et d’entraver ma liberté par amour ? Suis-je capable, moi chrétien, d’avoir plus de limites que les autres, car je me mets volontairement sous l’autorité de Dieu ? Peu importe l’effort consenti s’il est donné comme une preuve d’amour. Choisir l’amour, c’est choisir la vie et choisir c’est être libre.

Marie-Amélie Saunier, ombresetlumiere.fr – 8 mars 2022

Marie-Amélie Saunier vit à Lyon. Elle est mère de quatre enfants, dont Paul, atteint d’autisme.