Autres actus

Art, fragilité, liberté

Enfants porteurs de paralysie cérébrale, accompagnés de Delphine Bardin au piano.
© MM Gaudin de Saint-Rémy / Collège des Bernardins.

Pour la reprise des spectacles, le Collège des Bernardins proposait samedi 29 mai une après-midi de prestations réalisées avec des publics fragiles. Nous y étions.

Venu en nombre lors de ce samedi ensoleillé, le public ne cachait pas sa joie de retrouver l’émotion des salles obscures, des scènes animées, et des applaudissements nourris. Le spectacle, c’est mieux en présentiel ! D’autant que le premier événement proposé par le collège des Bernardins après 8 mois de confinement culturel ne manquait pas d’audace et de couleurs : le programme « Art, fragilité, liberté » se proposait de mettre en scène des prestations réalisées avec des publics fragiles et majoritairement porteurs d’un handicap, des artistes pas encore assez reconnus.

L’après-midi commençait avec des enfants porteurs de handicap moteur qui, autour d’un piano, donnaient à voir la variété des émotions, accompagnés par Delphine Bardin, musicienne de renom qui a créé les classes « Pro musicis ». Puis vint un duo en semi-présentiel : filmé en « live », le joueur de basson, porteur d’un handicap, croisait ses mélodies enjouées aux arpèges de la pianiste sur scène – rappel de la place qu’a pris le virtuel dans nos vies depuis plus d’un an… Magique, la compagnie des Toupies, troupe handi-valide créée par Sabine d’Halluin, offrait ensuite le début de son nouveau spectacle aux résonances de tragédie antique : le mythe de Philomène et Prochnée, extrait des Métamorphoses d’Ovide… Portant le regard sur les acteurs porteurs de trisomie 21, le spectateur n’oublie pas que cette dernière est une « tragédie grecque », selon les mots de Jean-Marie Le Méné, directeur de la Fondation Lejeune.

Le spectacle aura fait place aussi à Armelle Bugand, chanteuse atteinte de la sclérose en plaques, qui fait vibrer son corps dégingandé dans un solo sans paroles de toute beauté ; mais également, à une communauté Foi et Lumière, qui, en mimant leur évangile préféré, la Présentation de Jésus au temple, apporta la touche spirituelle, mais aussi festive, avec une gâteau factice représentant les 50 ans du mouvement…

Au sommet de l’ex bâtiment conventuel, on passait ainsi une après-midi éclectique et rafraîchissante, redécouvrant les joies du spectacle vivant et l’expression si authentique des plus fragiles d’entre nous. Après un an et demi de pandémie, la note d’espoir était bienvenue !

Cyril Douillet

Partager