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Au festival d’Angoulême, des auteurs avec un handicap récompensés 

Les résidents du foyer de vie, vainqueurs de la catégorie adulte en collectif du prix Hippocampe, à Angoulême.
Les résidents du foyer de vie, vainqueurs de la catégorie adulte en collectif du prix Hippocampe, à Angoulême © S. Galland

Alex Borowiec et sept résidents d’un foyer de vie dans le Doubs sont les heureux gagnants d’un Hippocampe d’or dans la catégorie “adultes”. Décerné durant le festival d’Angoulême, ce vendredi 26 janvier, le prix récompense depuis vingt-cinq ans des auteurs de bandes dessinées touchés par le handicap.  
 

Dans l’émulation du festival d’Angoulême, du 25 au 28 janvier, qui fait vibrer les cœurs de tout bédéphile, le prix Hippocampe met discrètement en lumière, depuis vingt-cinq ans, des auteurs amateurs de bandes dessinées qui ont en commun d’avoir un handicap. Cette compétition artistique a été lancée à l’origine par Mireille Malot, elle-même mère d’une fille polyhandicapée, atteinte du syndrome de Rett. Cette année, le thème était « Chouette, j’y vais ! ». Parmi les 1 600 planches réceptionnées, le jury a décerné plusieurs prix, individuels et collectifs, pour chaque tranche de vie -enfant, adolescent et adulte.  

Dans la catégorie adulte, Axel Borowiec a raflé l’Hippocampe d’or. Ce jeune homme de 27 ans est porteur d’une maladie neurologique évolutive rare, le syndrome de Mohr-Tranebjaerg, qui le prive de l’usage de la parole et de l’ouïe. Sa mère, Marie-Claire, se fait son porte-parole : « À l’annonce du résultat, il sautait partout tellement il était content ! Il m’a signé : ‘Enfin, on me reconnaît autrement !’ » Le jeune homme, originaire d’Arras, participait pour la troisième fois à ce concours. Après une période difficile psychologiquement, ce grand amateur de judo et de vélo se voit conseiller de participer à des cours d’art-thérapie, à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris. « Il avait une vraie disposition pour le dessin. Une animatrice l’a poussé à candidater au concours », raconte sa mère, à l’enthousiasme contagieux. C’est elle qui a traduit la langue signée de son fils pour écrire les bulles de sa bande dessinée. 

Alex Borowiec a découvert le dessin par des ateliers d’art-thérapie. © C.-M. Borowiec

Depuis, le jeune homme, qui travaille dans la découpe de tissus dans un Esat à Arras, continue de prendre des cours de dessin près de chez lui. Il a acheté son premier appartement, situé à quelques mètres du domicile de ses parents – « car son autonomie est relative », précise sa mère – et a obtenu son permis de conduire. « C’est sûr, l’année prochaine, il va retenter sa chance ! » 

« Une belle aventure collective ! »

C’est ce même sentiment de liesse qui animent les sept résidents du foyer de vie Le Château, à Novillars, dans le Doubs. « Lorsque le jury nous a appris notre victoire, quelle joie !, témoigne d’une voix allègre Serge Galland, éducateur spécialisé dans ce foyer. On avait du mal à prendre la mesure de ce qui se passait, et quelle fierté après tout ce travail réalisé ! » Avec 150 heures de travail au compteur pour réaliser leurs planches, les résidents participant au projet ont mis les moyens.

Âgés de 30 à 60 ans, Ludovic, Thierry, Dominique, Angélique, Patricia, Nicolas et Emmanuelle sont porteurs d’une déficience intellectuelle. « Ils ont beaucoup discuté du thème et de la construction de l’histoire avec l’aide d’un animateur. Petit à petit, celle-ci a pris racine dans un village africain. Un gros travail de couleurs et de lumière a été fourni », précise le professionnel, à bord de la camionnette qui emmène les résidents à Angoulême. « On est partis ce matin, à 8 heures, relate Serge Galland. On voulait absolument venir sur place pour recevoir le prix. C’est une belle aventure collective ! »  

Guillemette de Préval, ombresetlumiere.fr – 26 janvier 2024  

La planche des résidents du foyer de vie, à gauche ; la planche d’Alex Borowiec, à droite.

Site : www.hippocampe-culture.fr  

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