Barque

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Notre période est marquée par les craintes, les incertitudes, le déséquilibre : comment ne pas se laisser emporter par cet environnement au sein duquel nos démons – petits ou grands ! – se délectent ?

Je vous suggère de venir prendre place dans la barque de la tempête apaisée*. Nous pouvons être sensibles à la force et au pouvoir de Jésus qui calme la tempête, pouvoir qui impressionne même les disciples. Mais je vous invite à méditer le verset précédent qui, personnellement, me touche beaucoup plus. Il y a la tempête et Jésus dort. Non par indifférence, mais par liberté, et par la paix intérieure et la confiance qui l’habitent. Dans une barque, il y a toujours un petit banc, et au moins la place pour deux personnes. Marc souligne même qu’il y a un coussin où Jésus dort.

J’ai reçu ce texte alors qu’en post-opératoire, je m’aggravais, et devais passer en réanimation durant la nuit : là, j’ai été invitée à venir prendre place à côté de Jésus, pour y trouver sa paix alors que j’étais en pleine tempête.

Contempler cette paix intérieure pour qui est uni au Père, cela m’a fascinée, nourrie, apaisée. La tempête qui agitait mon corps, je n’y pouvais rien. La seule chose que j’étais capable de faire était de venir m’asseoir ou m’allonger dans la barque, à côté de Jésus, et de tenter d’y trouver le repos intérieur. Espace de liberté, certes infime, mais bien là, pour qui prend le temps de le reconnaître. Espace de l’amour inconditionnel. La barque est devenue mon lieu de sécurité, j’y retourne autant de fois que nécessaire : il y a toujours une place pour moi, comme pour chacun de nous.

Marie-Hélène Boucand, 12 septembre 2024

*Marc 4, 35-41, Math 8, 23-27, Luc 8, 22-25

Par Marie-Hélène Boucand. Médecin, docteur en philosophie, elle-même atteinte d’une maladie génétique rare. Dernier ouvrage paru, Traverser l’épreuve de la maladie, éd. Fidélité, 2022. Elle y déroule l’attention à ce que nous percevons, l’attention au corps qui se met à « parler », un travail qui consiste à « traduire » en mots les maux du corps. Pour Ombres & Lumière, elle livre chaque mois sa chronique « A l’ombre d’un mot ».

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