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Eléonore Laloux : “J’ai ma place dans la société, je suis une citoyenne à part entière !”

© MATTHIEU BOTTE/VOIX DU NORD/MAXPPP

Il y a un an, Eléonore Laloux est devenue la première conseillère municipale porteuse d’une trisomie 21 à Arras (62). A l’occasion de la journée mondiale de la trisomie 21, elle rappelle avec conviction et enthousiasme l’importance d’inclure pleinement les personnes porteuses de ce handicap au sein de la société.

Quel premier bilan faîtes-vous de votre expérience d’un an au sein du conseil municipal d’Arras ?

Elénore Laloux : Cette première expérience s’est très bien passée. J’ai toute ma place au sein du conseil municipal. Je suis déléguée à deux missions : à la transition inclusive – pour rassembler les personnes valides et handicapées autour d’activités sportives et culturelles – et au bonheur car il faut qu’il y ait un peu plus de gaîté, de couleurs et de peps dans ma ville ! Avec le Covid, certains projets ont un peu été ralenti mais on avance ! Je ressens une grande responsabilité sur ces deux sujets car ils me tiennent à cœur depuis que je suis toute petite. Avec mon père, et notamment via notre association Down Up, on se bat pour l’inclusion. J’ai aussi créé le collectif Les Amis d’Eléonore qui conseille les mamans qui ont un nouveau-né trisomique.

Avez-vous le sentiment d’occuper une place particulière au sein de l’équipe ?

J’ai de bonnes relations avec mes collègues. On dit souvent que j’ai beaucoup d’idées et que je suis de bonne humeur ! C’est vrai que j’aime mettre une petite touche d’humour ! En fait, je suis une fille assez dynamique et plutôt à l’aise sur le terrain.

Qu’est-ce qui a été plus compliqué à vivre ?

Certains habitants n’ont pas toujours des comportements faciles car ne connaissent pas la trisomie 21 et peuvent être déstabilisés. Il faut leur expliquer. J’essaie de leur montrer que oui, j’ai ma place dans la société et que je suis une citoyenne à part entière !

Depuis votre élection, une rencontre vous a-t-elle particulièrement marquée ?

Au mois de septembre, j’ai rencontré deux ministres : Nathalie Elimas, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, et Sophie Cluzel, chargée des personnes handicapées. Je l’avais déjà rencontrée et ai été ravie de la revoir ! Elle est mère d’une fille trisomique. Le fait de me voir comme conseillère municipale l’a rendue très heureuse et fière. Je pense que je lui donne de l’espoir pour sa fille.

Votre élection a été très médiatisée. A 35 ans, vous êtes devenue une sorte de symbole. En avez-vous conscience ?

En 2014, j’avais sorti un livre intitulé Triso et alors ? A l’époque, j’avais eu de bons échos. Tout comme j’en ai beaucoup eu lorsque j’ai été élue au conseil municipal l’année dernière. Par ces deux expériences, le regard des gens a beaucoup changé sur moi. On me félicite souvent dans la rue et cela me booste beaucoup. Je suis fière d’être là où je suis ! Et les regards évoluent aussi sur la trisomie 21 en général. Petit à petit, les choses bougent enfin.

Avez-vous un message particulier à faire passer à l’occasion de la journée de la Trisomie 21 ?

Mettez des chaussettes dépareillées ! Cela témoigne que, même si l’on est différent par notre handicap, on a pleinement le droit de vivre, d’être autonome et d’avoir un rôle dans la société.

Recueilli par Guillemette de Préval, ombresetlumiere.fr – 19 mars 2021

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