Cinéma

Elephant Man

Elephant Man
the Elephant man 1980 réal : David Lynch John Hurt Collection ChristopheL

Tiré de l’histoire vraie de Joseph Merrick, un homme difforme et défiguré par une maladie génétique, devenu bête de foire dans l’Angleterre Victorienne, Elephant Man ressort sur les écrans en version restaurée. Quarante ans après sa sortie, ce film de David Lynch reste un appel bouleversant à l’accueil de la différence.

L’histoire

Londres 1884. John Merrick, 21 ans, est surnommé Elephant Man en raison de son corps et de son visage rendus difformes et couverts de bosses par une maladie génétique, la neurofibromatose. Mais dans les quartiers populaires de l’Angleterre Victorienne, la génétique n’a pas cours. Le sort réservé aux êtres atteints de malformation est d’être exhibés dans des foires comme des bêtes curieuses : « Venez voir le monstre, l’homme éléphant ! » Un médecin, Frederick Treves, chirurgien au Royal London Hospital recueille John Merrick afin de l’examiner puis de le soigner. La bienveillance et le respect qu’il prodigue à John, rendent au jeune homme une apparence humaine. Il parle, exprime ses goûts, laisse apparaître son âme. Mais la violence, la méchanceté, la cupidité, et le voyeurisme des hommes vont le poursuivre jusque dans sa chambre d’hôpital qui l’avait pourtant mis à l’abri des regards…

L’avis d’Ombres & Lumière

Filmé en noir et blanc, dans une réalisation magistrale, Elephant Man est un chef-d’œuvre sur la tolérance. Entre imaginaire et réalité, il renvoie chacun à ses propres peurs mêlées de curiosité pour l’étrangeté, le handicap, la malformation. La découverte progressive du corps, puis du visage, et enfin de la personnalité de John Merrick place devant un choix, celui de fuir en hurlant ou de chercher à le connaître. « Pouvez-vous imaginer la vie qu’il a menée jusqu’à aujourd’hui ?, lance le directeur de l’hôpital de Londres au docteur Treves. Aucun de nous ne peut l’imaginer. » Le tour de force de David Lynch est pourtant de nous faire aussi ressentir de l’intérieur le rejet dont est victime John Merrick. Derrière son apparence repoussante, son âme belle et son besoin d’amour posent sans cesse la même question : qu’est-ce qui fait notre humanité commune ? Pris au piège de la foule haineuse, John Merrick ose enfin le crier dans une scène magnifique : « Je ne suis pas un animal. Je suis un être humain. Je suis un homme ! »

Que vous ayez vu ou non Elephant Man à sa sortie en 1980, courez au cinéma. Consacrée par huit nominations aux oscars, l’histoire de John Merrick n’a depuis pas pris une ride : les mêmes mécanismes poussent toujours à exclure ceux qui n’entrent pas dans les normes. Un sommet d’humanisme.

Florence Chatel

Version restaurée 4K du film de David Lynch, en salles depuis le 22 juin.

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