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« En bafouant la fraternité, la dignité, la vie, on encourage et on alimente la dé-civilisation »

Maryannick Pavageau
Maryannick Pavageau, ancienne juriste, a été promue commandeur dans l’Ordre national du Mérite, en 2015. © DR.

Maryannick Pavageau, à l’aube de ses 70 ans, continue inlassablement son combat pour le respect de la dignité humaine quels que soient la maladie ou le handicap, en particulier sur les sujets liés à la fin de vie. Elle est elle-même atteinte d’une tétraplégie suite à un accident vasculaire cérébral à l’âge de 29 ans. Elle livre pour Ombres & Lumière la nécessité d’instaurer des centres de soins palliatifs.

« Merci », oui voilà bien le mot que les grands handicapés prononcent le plus. Oui merci à Jean Léonetti qui a su voilà bien des années m’auditionner avec gentillesse et grande attention mais qui surtout a su élaborer une loi équilibrée traitant avec humanité les accompagnements dignes de la fin de vie.

Monsieur le Président de la République a cru bon ré-ouvrir ce dossier. Voilà des décennies que je suggère à ses prédécesseurs, aux différents gouvernements, aux députés, aux sénateurs, au comité d’éthique, (cela représente plusieurs milliers de lettres), de faire le nécessaire pour donner aux futurs médecins une véritable formation pour accompagner la fin de vie et aussi promouvoir et instaurer des centres de soins palliatifs dans tous les départements (ce qui se vit à Nantes avec la Maison Nicodème est remarquable et mériterait la visite des décideurs).

Les projets qui sont divulgués çà et là sont alarmants si on peut se féliciter du désir de promouvoir fortement les soins palliatifs en leur donnant des moyens conséquents on ne peut que déplorer que l’on y accole l’introduction de l’euthanasie et du suicide assisté, même si par des effets de style on édulcore les faits.

Voilà bien la violence suprême, or Monsieur le Président de la république déclarait à ses ministres le 24 mai dernier : « Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de dé-civilisation. »

En bafouant la fraternité, la dignité, la vie, on encourage et on alimente la dé-civilisation.

Quand arrêtera-t-on de stigmatiser et d’utiliser les personnes lourdement handicapées et spécialement celles atteintes de cette maladie qui pour l’heure ne connaît pas de traitement ? Quand arrêtera-t-on de se justifier par elles ? Si cette loi voyait le jour on ne tarderait pas à leur faire comprendre que n’ayant aucun espoir l’heure est venue de………

Je ne suis pas une artiste, ni une vedette du petit écran, ni un penseur de la société, ni un décideur ; non, je suis une simple femme immobile sur son fauteuil depuis quarante ans, qui a constamment besoin d’aide même pour les choses les plus simples et qui plus est, va avoir soixante-dix ans.

La tâche des décideurs n’est pas facile, les sollicitations contradictoires se percutent. Je leur souhaite d’être forts pour ce qui est du bien suprême.

Maryannick Pavageau

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