Sur le fil

Faut qu’on parle, version bipolaire

Sophie de Coatpont web
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C’est une banalité de dire que nous autres, personnes souffrant de troubles psychiques, sommes souvent isolées socialement, et que nous souffrons d’un sentiment de solitude et d’anxiété inhérent à nos pathologies. C’est pourquoi la relation à l’autre, le lien social, sont décisifs dans un processus de rétablissement.

Dans mon cas, à la suite d’un long chemin, j’ai retrouvé des compétences sociales et un goût très marqué pour les relations humaines.

Une expérience récente me conduit à croire encore plus fort dans la nécessité d’oser la rencontre. Je suis convaincue du bien que le lien social fait pour tous, mais en particulier pour nous autres que l’on dit « fragiles ». Car si nous sommes effectivement vulnérables, nous sommes forts de nos expériences, et nous développons des antennes et des qualités pour découvrir authentiquement l’autre.

J’ai expérimenté la puissance de la rencontre dernièrement à l’occasion du lancement de « Faut qu’on parle » organisé par Brut et La Croix. Ce dispositif permet à une personne volontaire de rencontrer une personne inconnue qui n’a pas les mêmes convictions, et à expérimenter le dialogue malgré les divergences. J’ai eu la chance d’échanger avec Philippe, évangélique et militant écolo ; et notre rencontre a été si authentique qu’elle m’a fait bouger intérieurement sur certains sujets qui nous différenciaient. Si bien que nous avons prévu de nous revoir.

J’ai évoqué ma pathologie – comment parler de mon métier sans l’évoquer ? Mon parcours avec la maladie me semble désormais un atout, car je lui dois de m’avoir ouvert aux autres, à leur profondeur et leur singularité. Bien sûr, c’est parce que je ne suis plus écrasée par la souffrance que je peux dire cela aujourd’hui.

Certes, nous avons besoin de relations pour aller mieux, mais j’ajouterais que nous possédons des richesses intérieures particulières pour aimer, et résonner avec les autres.

Sophie de Coatpont, 2 décembre 2024

Sophie de Coatpont, atteinte de bipolarité, se destine à être médiatrice de santé paire en psychiatrie. Elle suit actuellement une licence professionnelle à l’université et travaille dans une association à temps partiel, où elle apprend à accompagner des adultes avec un handicap psychique. Avec ses mots qui frappent sans jamais abîmer, trempés dans sa foi et sa soif de vivre, Sophie de Coatpont traverse le fil précaire de l’existence, en quête d’équilibre.

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