Cinéma

Un film d’animation lumineux sur Frida Kahlo

Hola Frida, film d’animation réussi à plus d’un titre, tisse en couleurs les combats et la créativité de Frida Kahlo, qui refusait de se laisser réduire à son corps abîmé.

« Je devais avoir six ans lorsque j’ai vécu intensément une amitié imaginaire avec une petite fille, à peu près de mon âge ». Le film Hola Frida s’ouvre sur cette citation, accompagnée en fond sonore d’une balade entêtante, puis sur un serre-tête orné de fleurs aux couleurs plus vives les unes que les autres. Frida Kahlo, adulte, est en plein travail dans son atelier, assise sur son fauteuil roulant. Elle feuillette les pages d’un vieux carnet de dessins datant de son enfance, qui nous plonge dans ses souvenirs, lorsque la petite Frida n’avait que 6 ans. Hola Frida nous évoque son enfance, marquée par la maladie, et la façon dont celle-ci forgera son caractère.

Ce beau film d’animation raconte comment cette petite Mexicaine, dont le rêve est de devenir médecin pour soigner son père atteint d’épilepsie, est frappée brutalement par la poliomyélite. Elle choisit, avec le soutien indéfectible de sa famille, de combattre sa maladie, qui la laisse en quarantaine pendant des mois, la coupe de ses camarades de classe, atrophie sa jambe droite, et lui cause de graves problèmes respiratoires.

Loin de se laisser abattre, malgré les douleurs et la menace d’importantes séquelles, Frida décide de s’accrocher coûte que coûte à la vie, ce malgré les incapacités et les railleries. À travers le dessin, encouragée par son père artiste photographe, Frida commence à mettre en image ses sentiments et ses combats, de manière symbolique et fantaisiste, comme pour l’aider à traverser ses épreuves. « Les moments sombres de notre vie méritent aussi qu’on les mette en lumière », lui apprendra son père.

La force de vie du film est énergisante : jamais Frida ne se plie aux limites imposées par la maladie, comme lorsqu’elle insiste auprès d’un enfant qui l’a surnommée cruellement « patte de poulet » de l’appeler par son prénom, Frida, une façon de refuser d’être réduite à son corps abîmé. Cette force de caractère, elle l’utilisera non pas pour profiter ou dominer, mais pour relever les autres. Elle utilise sa force dans des gestes de bonté.

Une lutte également sociale, puisque Frida s’insurge de la façon dont la société mexicaine bride les femmes, leurs talents, et nie son caractère et ses spécificités communautaires.

Le film n’évoque pas seulement l’histoire de Frida Kahlo, mais également en filigrane, celle du Mexique : visuellement d’abord, à travers une animation célébrant la culture mexicaine, riche en couleurs vivantes, puisant dans l’histoire, la mythologie, la culture animiste qui ont nourri l’iconographie du pays. Si elle ne ressemble en rien au travail pictural de la fameuse peintre, le film regorge de belles idées de transition entre le monde matériel et la fantaisie du rêve.

Hola Frida nourrit également une évocation thématique et identitaire, à travers les combats sociaux ayant traversé le Mexique au début du 20è siècle. Ce film regorge de joie, de résilience et de combativité qui inspire l’espoir.

Ugo Munoz

Un film d’André Kadi et Karine Vézina. En salles, le 12 février 2025.

Partager