Une vie de maman

Imite-moi si tu peux

un groupe d'enfants
© Adobe Stock

L’imitation est une étape essentielle dans le développement de l’enfant. Avant d’acquérir le langage, le petit enfant apprend à échanger dans un jeu de répétition des comportements des adultes, ou de ses pairs. C’est dans cet échange des rôles que s’apprend la réciprocité, le langage et la conversation.

J’en ai eu la démonstration un récent dimanche, à la messe. Dans la petite chapelle latérale de l’église de ma paroisse, les petits déambulent plus ou moins bruyamment quand je fais irruption avec Paul. Après un bref moment de sidération devant cet adulte qui enlève et jette ses chaussures pour profiter de la moquette, les plus grands reprennent leur coloriage. Les plus jeunes d’entre eux viennent au contact. Quand Paul commence à battre des mains, ils l’imitent. Mais Paul ne reste jamais longtemps en place. Il se met à sauter en criant, et voilà les petits surexcités qui hurlent en courant… Paul semble ravi par cette ribambelle de gamins sautillant avec jubilation derrière lui. Impressionnés par son comportement décalé, les parents présents n’osent rien dire. La théorie de l’imitation fonctionne à merveille, les enfants mettent en place une forme de langage non verbal dans ce jeu de suivi. Le sermon s’éternise et c’est maintenant la foire complète dans la chapelle… Reprenant mes esprits, j’interviens pour calmer l’ambiance et Paul se rassoit.

Déçus par la fin des festivités, certains enfants s’approchent et proposent à leur tour à Paul d’autres jeux sympathiques. Mais le propre de l’autisme est de rendre impossible cette réciprocité. Paul reste indifférent à ces sollicitations. Il n’imite pas et ne rentre pas dans l’échange. Il a vingt ans et n’a pas de langage. Finalement les enfants abandonnent et vont retrouver leurs parents dans le calme pour la fin de la messe. A quatre pattes, j’espère que je vais retrouver les chaussures.

Marie-Amélie Saunier, ombresetlumiere.fr – 1er juin 2021

Portrait de Marie-Amélie

Marie-Amélie Saunier vit à Lyon. Elle est mère de quatre enfants, dont Paul, atteint d’autisme.

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