Dossier

« J’ai été guéri de l’hyperactivité »

portrait de Bernard Rutscho
Bernard Rutscho © DR.

Bernard Rutscho, 52 ans, habite près de Bienne, en Suisse. Hyperactif depuis l’enfance sans le savoir, il a été guéri de ce handicap, d’abord par les médicaments, puis plus radicalement lors d’une assemblée de prière. Témoignage.

Quand j’étais enfant, assez tôt, ma mère m’a emmené chez le pédiatre, car elle trouvait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je grimpais partout, je me faisais des fractures, des plâtres… J’étais très impulsif. Je partais dans tous les sens, avec de la peine à rester attentif à une chose. A 4 ans, à l’étranger pour le travail de mon papa, quand je devais dessiner un arbre à l’école, j’allais au-delà de ce qu’on demandait, je rajoutais des feuilles, des branches… Du coup on m’envoyait au coin ! Heureusement, mes parents ont su assez bien me canaliser. J’ai compris que j’avais un problème, et j’ai appris à adapter mon comportement en fonction des lieux où j’arrivais. En entrant quelque part, je regardais les gens, j’analysais, pour voir quelle attitude adopter.

On me surnommait « le maladroit », car je cassais pas mal de choses. J’avais peu conscience de mon corps ; je ne le sentais que lorsque je me faisais mal, ou en bougeant… Du coup, je faisais beaucoup de sport, ça me permettait d’évacuer tout ça. Après le lycée, j’ai fait quatre ans d’apprentissage en électronique. J’avais réussi à bien m’adapter. Evangélique, je faisais partie d’un groupe de jeunes chrétiens dans lequel je me sentais bien. Mais je n’avais pas encore mis à jour ma difficulté. Pendant les cours, j’avais encore du mal à me concentrer. Quand quelque chose bougeait dans un coin, j’étais déconcentré. En école d’ingénieur informatique, j’arrivais à rester focalisé sur l’ordinateur, mais en classe, c’était plus compliqué. Puis il y a eu une alerte : pendant six mois, je n’ai eu que des notes en dessous de la moyenne, car pendant les examens, je n’arrivais pas à me concentrer…Tout ça à cause de travaux publics à côté de l’école !

Je me suis reconnu

J’ai commencé à travailler, je me suis marié, puis j’ai fait un burn out et j’ai eu une série d’accidents ; je me faisais renverser, à pied, à vélo… Notre premier enfant bougeait beaucoup, le deuxième aussi. On a fait des tests, qui ont révélé de l’hyperactivité. Quand j’ai lu de la documentation dessus, je me suis reconnu… Ça m’a permis d’enfin comprendre beaucoup de mes fonctionnements, la façon dont je m’adaptais ! Après un accident où je me suis cassé la rotule, j’ai pris de la morphine, et là j’ai complètement décompensé… Je suis vraiment « tombé » : tout ce que j’avais réussi à gérer jusque-là, je l’ai alors perdu. Développeur dans une entreprise, je pouvais perdre jusqu’à deux heures de travail quand un bruit me perturbait, ma tête devenait vide… Je devais retravailler à la maison le soir. Mes collègues ne supportaient plus. Consultant un médecin, j’ai eu alors recours à la ritaline, et ça allait déjà mieux.

J’ai alors demandé la prière dans mon église. Une première fois, en 2003, alors que les enfants étaient petits, lors d’une convention charismatique, un homme doué d’un charisme de guérison a prié pour que ma femme et moi tenions le coup jusqu’à ce que nos enfants guérissent. Ce qui est arrivé en 2016 pour l’aîné qui a été guéri miraculeusement pendant une soirée.

En 2017, ma femme et moi nous sommes inscrits pour une formation à la prière de guérison. Là, quelqu’un a eu une parole de connaissance : « Ici il y a des gens qui ont de la peine à se concentrer. » Je me suis levé, puis je me suis rassis ; rien ne se passait. Mais une demi-heure après, un bébé s’est mis à pleurer ; et en même temps, j’écoutais l’orateur, je prenais des notes… Jamais je n’avais été aussi concentré ! Je ressentais mes membres… Quelque chose avait changé. J’ai vraiment été guéri, sans que je m’en aperçoive. J’ai alors arrêté de prendre des médicaments. Depuis, je vais bien. Je me sens moi-même. Il peut m’arriver d’avoir des pertes de concentration, mais globalement, je n’ai plus d’hyperactivité. Professionnellement, je travaille sur des projets qui demandent beaucoup d’attention. Et ça marche ! Ma famille et mes collègues en sont témoins.

Ma relation avec Dieu, une conversation

Je retiens de cette histoire que Dieu peut guérir. Et en même temps, je rencontre encore des difficultés qui restent, comme des allergies… Dieu est souverain. Et surtout, ce n’est pas parce qu’on prie mal qu’on n’est pas guéri ! Mais ça a été pour moi une grande libération, un cadeau de Dieu pour mes relations avec les autres. Avant, j’avais tout le temps besoin de me protéger, de m’isoler. Aujourd’hui je constate que je suis souvent amené à aider les autres, à faire de l’accueil, à prier pour les gens… C’est comme si c’était devenu plus facile pour moi, je n’ai plus cette peur qui me tenaillait. Quand je passe du temps avec Dieu, je suis vraiment attentif. Ma relation avec Dieu est devenue une conversation.

Recueilli par Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr – 6 mai 2022

A lire : « TDAH, connaître pour mieux vivre », O&L n° 247 (mai-juin 2022).

Partager