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« J’ai été pris d’une énergie inattendue »
Paul de Livron a participé au Marathon pour tous, la grande course nocturne populaire organisée à l’occasion des Jeux olympiques à Paris, le 10 août. Parmi les 20 000 coureurs, portant les couleurs et l’esprit d’Ombres & Lumière, le jeune créateur de fauteuils roulants en bois paraplégique a puisé un élan revigorant. Retour sur l’événement en trois chiffres et trois impressions.
10 kilomètres pour une énergie folle
« Tout au long des 10 km, avec mon ami Paul, je me suis senti porté par les spectateurs qui scandaient nos prénoms « Allez Paul ! Allez Thibault ! » : ça m’a donné envie de faire cette course à fond. Le Marathon pour tous ne représentait pas un défi physique particulier car je fais du sport tous les jours. J’y allais en me disant que ce ne serait pas forcément un grand souvenir dans ma vie. A peine la course entamée, j’ai été pris d’une énergie inattendue, à 1 heure du matin, sur ces avenues que je connais par cœur : je les roule plusieurs fois par semaine, et là elles étaient complètement vidées, les nids de poules bouchés. Je me suis senti vivant comme rarement dans ma vie !
40 fauteuils dont 1 spécial JO
Plutôt que de me lancer dans un tour du monde de 40 000 km pour démontrer la performance de ce nouveau fauteuil conçu à l’occasion des Jeux olympiques, j’ai profité du fait que le monde était à Paris ! Je ne sais pas combien de personnes l’ont repéré, mais je me suis prouvé à moi-même que c’était bel et bien un fauteuil performant. Ce marathon m’a raffermi dans ma conviction : beaucoup de gens seraient très heureux dans le monde d’avoir ce fauteuil fabriqué avec des planches de contreplaqué. Cette course génère de l’espoir humain ! J’ai compris aussi que je prenais une sorte de revanche sur un destin, une tragédie. Je doublais tous ces gens debout qui, peu de temps avant, me bloquaient dans la foule compacte, en remontant le flot des coureurs !
Je me suis senti vivant comme rarement dans ma vie !
53 minutes pour un geste fraternel
Alors que je ne m’étais pas vraiment fixé d’objectif de chrono, je me suis aperçu que le fauteuil spécial JO que j’avais choisi d’inaugurer ce soir-là était beaucoup plus maniable et plus agréable que prévu. C’est devenu malgré tout un défi physique, je me suis pris au jeu et j’ai réalisé le marathon fait le plus vite possible. Moi, cela fait onze ans que je suis en fauteuil, alors que mon ami Thibault, cela ne fait qu’un an. Du coup, ces 53 minutes auraient pu être diminuées, mais j’attendais mon ami. Fallait-il chercher la performance ? Finalement, attendre l’autre, sous la bannière d’Ombres & Lumière, c’était être fidèle à l’esprit collectif et non pas à l’effort individuel !
Recueilli par Marilyne Chaumont – 12 août 2024