Un pas de biais

Je crois en toi

une femme aide une enfant à patiner.
© Istock.

Je crois en toi ! 
Quand cette phrase m’a été dite dernièrement, j’ai été saisie d’une joie profonde et qui dure encore. Elle a jalonné mon parcours et fait jaillir à chaque fois en moi l’énergie du don, la soif d’aller plus loin, et surtout une grande gratitude… Pourtant accompagnée parfois d’un fond d’incrédulité : Comment peut-on réellement croire en moi ?

Bien souvent mon handicap m’a fait me sentir en dehors du coup, ou pire, pas tout à fait dedans. Combien de fois, enfant, m’a-t-on proposé de « faire l’arbitre » dans les jeux. Une fonction certes utile, dont je finissais en général par m’accommoder, me réjouir même. Mais comme j’aurais aimé qu’on me propose de jouer. Qu’on endosse avec moi les risques de l’échec. Et qu’on m’aide à envisager la réussite possible.

Alors, qui croit réellement en moi ne sait pas la révolution qu’il provoque.
Qu’il fut magique, ce moment où, en sortie patinoire avec ma classe, confiant tous les autres élèves aux parents accompagnateurs, mon institutrice m’a entraînée sur des patins à glace. Comment pouvait-elle croire que j’y arriverais ?

« Je crois en toi » : prononcer cette magnifique parole, c’est donner chair à notre foi et faire preuve d’une audace évangélique. C’est voir le trésor de l’autre caché dans son champ et l’aider à le découvrir – l’autre lui-même ne voyant encore que la terre… C’est aussi, quand les épreuves s’accumulent, que l’échine se courbe, faire œuvre de consolation et devenir l’artisan de la douceur et de la joie dont notre monde a tant besoin.

Cécile Gandon, Ombresetlumiere.fr – 26 octobre 2020

Porteuse d’un handicap moteur, Cécile Gandon travaille dans l’associatif. Elle est l’auteur de « Timéo et sa drôle de famille » (Téqui).

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