Sur les lèvres

La grande aventure maternelle

portrait d'Aliénor Vinçotte

Devenue maman depuis le mois de mai d’un petit garçon, je découvre les joies de la maternité sans omettre les difficultés qui vont avec. C’est quelque chose qu’imaginait difficilement vivre la petite fille que j’étais. Cela me paraissait très lointain et inaccessible. Au fond de moi, je ne m’autorisais pas à y penser ou à le rêver.

La naissance fut un vrai bouleversement, avec des moments hors du temps. Je m’y attendais, aussi je n’étais pas surprise. Si j’avais des craintes avant la naissance, elles se sont envolées aussi vite qu’elles étaient venues. J’avais peur de ne pas l’entendre quand il pleurerait, de la fatigue des nuits hachées – moi qui aime dormir sur mes deux oreilles ! -, de ne pas savoir quand il avait fait un rot ou pas. Je fus agréablement surprise de voir que je prenais vite la main et que les solutions comme le babyphone qui vibre sont à portée de main.

Alerte, la nuit je me réveillais parfois pour vérifier s’il dormait toujours, si sa respiration était régulière ou s’il avait faim. Devant son visage endormi et serein, j’ai peu à peu lâché prise. Je me réveillais naturellement quand il était l’heure de répondre à ses besoins. Il venait exploser tous mes repères habituels et en devenait un lui-même.

Alors j’ai eu une pensée pour toutes les mamans. La mienne en particulier. « Mais comment tu as fait avec 7 enfants ? » Je savais déjà combien c’était exemplaire de sa part, mais avec ce petit être lové contre moi, j’exprimais une profonde gratitude et ressentais une vraie admiration pour celle qui m’a mise au monde et accompagné jusqu’à l’âge adulte. Pardon Maman pour nos ingratitudes et d’avoir trop souvent pensé – inconsciemment ou pas – que tout ce que tu faisais pour nous était acquis.

Dans la rue, poussette devant moi ou avec mon petit dans son porte-bébé, je croise souvent des sourires complices de mamans ou de papas. Je fais désormais partie de la grande famille de la parentalité. Devant le bébé qui pleure, la jeune maman désemparée, tous compatissent et témoignent de leur bienveillance. « Ne t’inquiète pas, tout passe. »

Puis, j’ai pensé à toutes les mamans en situation de handicap. Celles en fauteuil roulant. Celles qui sont marquées dans leur chair par la perte d’un membre. Certaines tranches de ces vies me sont parvenues par le biais de témoignages. « Mais comment font-elles ? » De mon point de vue, elles dépassent les performances des athlètes qu’on a vus au début du mois aux jeux paralympiques. Car c’est au quotidien qu’elles déplacent les montagnes. Et par là nos croyances et nos biais aussi. Les enfants n’ont pas besoin de parents parfaits, mais de parents qui sont en capacité de leur exprimer tout leur amour.

Aliénor Vinçotte, ombresetlumiere.fr – 1er octobre 2024

Sourde de naissance, Aliénor Vinçotte est diplômée de Sciences Po et journaliste.

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