Edito

L’après, c’est maintenant !

Depuis le confinement, on nous parle beaucoup du « monde d’après » : après la réclusion chez soi, après la pandémie…Et chacun d’édicter selon ses vues un monde idéal, une projection vers un avenir meilleur. C’est une belle intention, car elle parle de notre espérance du Royaume – ou de notre nostalgie de l’origine, ce qui revient au même.

Mais ce que nous apprend cette pandémie qui dure, justement, c’est qu’il n’y aura pas de monde meilleur, car pas de monde tout court, si nous n’accueillons pas ce que nous observons aujourd’hui : c’est-à-dire la fragilité de la condition humaine, la vulnérabilité du monde naturel, la finitude des choses. Ceux qui portent un handicap, et leurs proches qui portent avec eux cette croix le savent bien : c’est en vivant pleinement le présent, en fuyant la pensée trop lourde du lendemain, que l’on peut cueillir une certaine paix, une certaine joie, et avancer sur le chemin. C’est en étant lucide sur qui nous sommes, sur d’où nous venons, et sur qui nous pouvons compter, que nous pouvons progresser et grandir en humanité.

Renoncer davantage à nos paraîtres, à nos tentations de maîtrise, pour nous ouvrir à l’autre – à l’Autre.

C’est pourquoi en cette rentrée, temps des bonnes résolutions, nous pourrions nous efforcer de renoncer davantage à nos paraîtres, à nos tentations de maîtrise, pour nous ouvrir à l’autre – à l’Autre. Et de voir nos failles, nos fragilités, nos handicaps, comme les lieux même où la grâce peut descendre, ici et maintenant, pour mieux aimer et servir.

« Dieu écrit droit avec des lignes courbes », dit le proverbe. L’avenir s’écrit… à l’imparfait.

Cyril Douillet

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