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Les grandes associations boycottent la Conférence du handicap

photo de l'Elysée
© Adobe Stock / Laurence Soulez

Axelle Rousseau, porte-parole du Collectif Handicaps, explique pourquoi cette entité regroupant cinquante-deux associations nationales, dont APF-France Handicap, l’Unafam, l’Unapei, Santé Mentale France, joue les grands absents à la Conférence nationale du handicap, qui a lieu aujourd’hui à l’Elysée, et qui doit présenter 70 mesures.

Vous boycottez aujourd’hui la Conférence nationale du handicap. Pourquoi ?

Nous ne sommes pas satisfaits du niveau de concertation dans les travaux préparatoires, qui ont relevé davantage de la consultation que de la co-construction. Hier soir, les décisions n’étaient apparemment pas encore arbitrées. A quelques heures de l’événement, nous n’avons toujours pas d’informations sur les mesures qui vont être annoncées. Nos associations ont participé à des heures de réunion, ont formulé des recommandations, mais sur la méthode, c’est très descendant : ce n’est pas le dialogue que nous avions espéré. Nous avions demandé le report de la Conférence pour mieux prendre en compte l’avis du Conseil de l’Europe, qui a récemment pointé du doigt la France sur le respect du droit des personnes handicapées. Mais nous n’avons pas été entendus.


Quel message fort souhaitez-vous faire passer par cette absence ?

Le fait que notre demande de report n’ait pas été pris en compte a été la goutte d’eau de trop. Notre absence illustre notre crainte d’une opération de communication de plus : les grandes phrases, le saupoudrage de mesures, cette attitude n’est pas à la hauteur des enjeux concrets. La réalité, c’est qu’aujourd’hui, les personnes handicapées continuent d’être entravées dans leur vie quotidienne. Par le boycott de cet événement très politique, nous espérons faire monter la pression et que cela puisse avoir un impact immédiat. Il aurait fallu plus de temps pour que la Conférence soit à la hauteur.

Quelle est votre principale attente ?

L’une de nos priorités, c’est la mise en œuvre de l’accessibilité universelle -et donc l’effectivité du droit sur ce point. Les principes inscrits dans les lois de 1975 et 2005 ne sont toujours pas respectés. Par ailleurs, nous aimerions un accompagnement ajusté aux attentes de tant de familles et de personnes handicapées. Pour y répondre vraiment, il s’agirait de mieux recueillir les données réelles, en créant un Observatoire territorial des besoins des enfants et des adultes. Tant de personnes n’ont pas de réponses à leur situation, surtout lorsqu’elles ne sont pas dans le scope des solutions d’accompagnement.

Recueilli par Marilyne Chaumont, ombresetlumiere.fr -26 avril 2023

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