« Les membres de Foi et Lumière ont le sens d’une mission à porter »

des jeunes de Foi et Lumière au pélerinage à Lourdes en 2012.
Pèlerinage des 40 ans de Foi et Lumière à Lourdes, en 2012. © Michelle Delhommeau.

Il y a 50 ans, à Pâques 1971, naissant à Lourdes le mouvement Foi et Lumière. Aujourd’hui il rassemble 1 500 communautés réparties dans plus de 80 pays. Entretien avec son actuel coordinateur international, l’espagnol Raùl Izquierdo.

Un an après le début de la pandémie mondiale, comment se portent les communautés Foi et Lumière ?

Les communautés Foi et Lumière sont présentes dans le monde entier, sur les cinq continents. Bien évidemment la situation sanitaire nous touche tous. Les rencontres en présentiel sont rendues très compliquées, voire impossibles dans la plupart des pays. La technologie y pallie un peu dans les pays du Nord, mais moins dans le Sud. C’est particulièrement difficile dans les pays les plus pauvres, dans les zones où l’on n’a pas de mail, ni de réseaux sociaux qui permettent de maintenir le lien, en Afrique par exemple.

Même là où la technologie fonctionne, les personnes avec un handicap ont besoin d’espaces où recevoir de l’affection, ce que ne donneront pas les outils mobiles. La communication en ligne montre aussi ses limites. Toutefois, les communautés ont fait preuve de créativité, ont trouvé des idées pour rester en lien : aller à la fenêtre d’un membre, lui envoyer un petit colis, etc.

Les membres de Foi et Lumière, dans tous les pays, ont le sens d’un appel, d’une mission à porter. Cela leur permet de manifester une certaine résistance face aux défis, et notamment celui de la crise sanitaire. Être confronté à la réalité du handicap apprend à surmonter les difficultés. Pour certains, la difficulté se transforme en opportunité. Les personnes avec un handicap ont besoin de la présence, et en même temps elles sont très fragiles : il faut donc être extrêmement prudent et faire preuve de patience pour tenir bon. Il y a une grande envie de se retrouver et de partager notre foi autour de Jésus !

Il n’y aura pas de rassemblement international pour les 50 ans… Comment continuer à faire vivre la dimension interculturelle et interconfessionnelle de Foi et Lumière ?

Avant même la pandémie, les équipes internationales avaient envisagé de renoncer à une unique rencontre internationale, comme en 1971, 1981, 1991 ou 2001, pour des raisons économiques ; les voyages depuis l’Amérique latine ou l’Afrique étant assez chers. Beaucoup de gens ne pourraient se joindre à l’événement du fait de leurs faibles moyens. Avant le Covid, nous avions donc décidé de faire des rencontres dans chacune des 52 provinces. Mais beaucoup de ces rencontres ont dû être reportées à des jours meilleurs. Aujourd’hui, nous pensons que ces 50 ans peuvent être fêtés au niveau de nos communautés : après tout c’est au sein de ces petites communautés que nous sommes appelés à vivre notre spiritualité.

En 2021, quel est le message que souhaite porter Foi et Lumière à l’Eglise et au monde ?

Je pense que nous sommes en train de faire une révision de notre mission. Nous nous interrogeons sur le rôle que Dieu nous demande de jouer en 2021. Depuis 1971, les conditions de vie des personnes handicapées ont peut-être changé, mais nous pensons que toute personne a besoin de se retrouver avec d’autres ; ce besoin, Foi et Lumière essaie de le combler. Aujourd’hui nous avons tous les moyens de communication possibles, et pourtant l’être humain est plus seul que jamais ! Nous proposons cet espace de rencontre, et mettons au centre notre foi en Jésus. Il est toujours aussi important d’annoncer au sein de l’Eglise que les personnes avec un handicap ont une vocation spécifique : ils ne sont pas des objets de charité ou de pitié. Ils ont une mission propre dans la communauté chrétienne, et nous devons essayer de révéler ce rôle. Foi et Lumière offre également à des personnes qui sont un peu perdues, qui cherchent un sens, la possibilité de trouver du sens dans les petites choses.

Enfin, je peux dire que lorsque l’on rencontre des personnes avec des vulnérabilités, des fragilités, cela rappelle que nous avons aussi nos propres fragilités et handicaps. Quand on réalise cela, on se rend compte que Dieu nous aime, de manière infinie. Cette découverte fait que, de problème, le handicap devient une opportunité de célébration. Le handicap est un problème, certes, mais au-delà on se rend compte qu’il y a un don ; il y a des motifs de réjouissance et de joie. Foi et Lumière peut apporter cet esprit à tous ceux qui veulent se joindre à nous.

Recueilli par Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr – 7 avril 2021

L’intégralité de cet entretien est à retrouver dans le N° 241 d’Ombres & Lumière.

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