Télévision
Ma vie sans l’ouïe
D’origine néerlandaise, Tobias a été diagnostiqué sourd à l’âge de 1 an. Tout au long de son enfance, de son adolescence et de sa vie de jeune adulte, son père filme avec tendresse son parcours et propose une réflexion sur l’identité sourde.
Un jour, Alex de Ronde, père de Tobias, fait s’entrechoquer deux couvercles de casseroles derrière la tête de son fils âgé de quelques mois. Tobias ne bronche pas. Les médecins viennent de lui diagnostiquer une surdité congénitale. Ce souvenir restera gravé dans la mémoire du réalisateur du documentaire « Ma vie sans l’ouïe ». Caméra en main, ce dernier a filmé, plus de trente ans durant, des scènes de la vie quotidienne de son fils : premiers pas dans une école spécialisée, séances d’orthophonie, études à l’université de Gallaudet à Washington, seule université dédiée aux étudiants sourds dans le monde.
On est d’emblée touchés par la joie qui émane de Tobias et de sa famille, pourtant marquée par l’épreuve handicap du garçon, puis la mort précoce de sa mère. Dans cette famille où transparaît une tendre affection, et particulièrement entre Tobias et son frère, tous se sont mis à la langue des signes. Au-delà de ce touchant portrait, qui laisse entrevoir la possibilité d’une vie pleine et heureuse malgré la surdité, l’intérêt de ce film repose sur sa capacité à nous interroger sur la culture sourde. Tobias s’oppose fortement à l’implantation quasi systématique des enfants sourds. Professeur de langue des signes, il défend sa beauté avec conviction. Qui d’entre nous n’a jamais été fasciné par la poésie des gestes signés ? Mais Tobias le reconnaît, par curiosité, il a « parfois voulu entendre ». En confrontant désir de « normalité » et d’intégration d’un côté, et défense d’une singularité de l’autre, ce film ouvre à une stimulante réflexion.
Guillemette de Préval, 30 novembre 2023 – ombreslumiere.fr
Disponible sur arte.tv du 01/12/2023 au 30/05/2024