Restons poly

Maintenant, nous sommes prêts

quelqu'un qui ouvre une porte vers l'extérieur.
© Istock.

Et voilà que dans le ciel pas très serein de notre vie avec Marie Océane en période de pandémie, un coup de tonnerre retentit : nous recevons un appel de l’Arche qui nous propose une place pour Marie Océane en internat dans l’une des 3 MAS (Maison d’Accueil Spécialisé) que compte l’Arche dans notre région. C’est inespéré et, après une concertation avec Caroline, nous nous sommes dit : « Maintenant, nous sommes prêts »

La relation extrêmement forte entre nous, parents, et notre Marie Océane, qui a un handicap très lourd, est parfois une énigme pour les personnes autour de nous. En effet, d’un côté, Marie Océane est une préoccupation permanente – 100 % dépendante, elle remplit nos vies de tâches plus ou moins lourdes ; et d’autre part elle nous comble de sa tendresse, de sa force de vie, de sa joie et de son amour.

Et nous savions depuis longtemps que le passage de relais nécessaire pour que Marie Océane quitte le nid et aille vivre SA vie d’adulte allait être terriblement difficile…
Et puis elle est devenue adulte, et doucement, avec le temps, nous avons eu la chance de pouvoir bénéficier d’une prise en charge très progressive de Marie Océane dans une MAS.
Notre dernière fille, Domitille, était alors encore à la maison, et son extraordinaire complicité avec sa grande sœur a pu se renforcer lors des retours réguliers de Marie Océane à la maison et pendant les vacances. Et puis elle aussi a pris son envol et est allée étudier au loin.

Nous nous sommes donc retrouvés, tantôt à 2 et régulièrement à 3.
Et 2020 est arrivée avec, pour moi, une très grosse opération à cœur ouvert et la pandémie COVID pour tous… Marie Océane est restée plusieurs mois confinée à la maison avec nous. Caroline a dû tout assumer car je n’avais pas le droit de porter plus d’1 kg dans chaque main.
Je vais mieux mais Caroline a accusé le coup et son corps la fait beaucoup souffrir.
Bref, à bientôt 60 ans avec des années « Marie Océane » qui comptent triple, nous sentons bien que « Maintenant nous sommes prêts. » Enfin surtout moi parce que Caroline, elle, y travaille encore…

Et nous mesurons bien la chance que nous avons avec cette proposition de l’Arche qui permettra à Marie Océane de bénéficier de la vie dans une communauté basée sur le respect de toute personne quelle qu’elle soit, et consciente de l’importance d’une vie sociale et spirituelle pour chacun.

Hubert Saillet, ombresetlumiere.fr – 18 février 2021

Hubert Saillet est père de cinq enfants, dont Marie Océane, qui est polyhandicapée. Il est membre, avec son épouse, d’une communauté Foi et lumière à Compiègne (Oise).

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