Télévision

Mon enfant ma bataille

une mère de famille avec son fils autiste
Domitille et son fils Paul© Siècle Productions.

Lucide mais non dénué d’espoir, ce documentaire de la collection « Le monde en face » consacré à l’autisme sera suivi d’un débat.

Les émissions et documentaires sur l’autisme ne sont pas rares sur le petit écran. Celle-ci à d’original d’opter radicalement pour le point de vue des parents, la réalisatrice étant elle-même maman d’un enfant atteint de ce handicap. Suivant plusieurs familles, le film commence par aborder les signes avant-coureurs : Domitille évoque la petite enfance de Paul, un enfant « original » aux jeux « atypiques ». Puis l’alerte brutale donnée par la maîtresse de maternelle : « Vous voyez bien qu’il est autiste »… La maman d’Aaron, elle, décrit un enfant qui ne supportait pas de porter autre chose sur lui qu’une doudoune… Un comportement qui la conduit à consulter un neuropédiatre, puis à frapper à la porte d’un CAMSP (centre d’action médico-sociale précoce). Le diagnostic tombe alors, à la fois couperet et libération : « Le combat est nommé, maintenant on y va », a réagi Domitille. Très vite le documentaire souligne les failles du système français : alors que l’on sait l’importance de diagnostic précoce pour une prise en charge adaptée, les temps d’attente pour un rendez-vous dans un centre spécialisé sont interminables…

Malgré les discours volontaristes des pouvoirs publics, les difficultés de la scolarisation – 2 enfants autistes sur 3 en sont exclus –, le coût des méthodes comportementales assumé par les parents, la faible ouverture du monde de l’entreprise, et le manque de « solutions » de prise en charge, sont pointés du doigt avec vigueur. Mais le documentaire fait aussi apparaître des signes d’espoir : les bénéfices de l’« intervention comportementale intensive précoce » pratiquée notamment au centre spécialisé de Tours ; le développement des « écoles d’autorégulation », ces formes de scolarisations soutenues par des temps spécifiques d’accompagnement ; ou encore l’emploi accompagné, pratiqué par une entreprise comme Andros, qui accueille dans une usine 11 adultes autistes… Des initiatives encore discrètes mais qui sont signes que la marginalisation des personnes atteintes n’est pas une fatalité. De bout en bout, la ténacité des parents et l’amour déployé forcent l’admiration et conduisent le téléspectateur à regarder autrement ces enfants et ces jeunes, dignes de s’épanouir et de contribuer à la société.

Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr – 29 mars 2021

Le monde en face, 30 mars sur France 5, 21h05, puis en replay jusqu’au 29 mai.

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