Noël en vue, épisode 1 : la crèche et les rameaux

Semaine après semaine, nos chroniqueurs nous accompagnent sur le chemin de l’Avent.

Ce week-end, j’ai monté ma crèche. J’ai fait plusieurs essais d’installation : avec un beau tissu, pour honorer l’enfant à naître ? Dans le creux d’une boîte, pour que la Sainte Vierge se sente bien protégée ? Sur une colline – car on ne met pas la lumière sous le boisseau ?

J’en étais là de mes réflexions, au milieu d’un joyeux bazar, quand mon bras a heurté le crucifix qui était resté accroché au mur. Une branche de rameaux est tombée : ces rameaux, déjà un peu secs, que j’avais ramenés chez moi après la fameuse « aube pascale ». Ces rameaux qui m’ont accompagnée tous ces derniers mois, me regardant prier, somnoler (j’avoue !), parfois pleurer.

Que faire de cette branche pas encore tout à fait jaunie ? Impossible de la mettre au feu avant Pâques prochain. J’ai réalisé que l’Avent, avec ou sans joli tissus, n’allait pas me dispenser des rameaux, et qu’ils pouvaient, au milieu de ma crèche, continuer de sécher pendant encore quelques temps.

Autrement dit, ce qui me fait souffrir ne va pas être mis comme par miracle entre parenthèses pendant ce temps de l’Avent et de Noël. Mon handicap et son cortège de douleurs vont continuer d’exister.

Cet incident apparemment anodin me fait réaliser que le mystère de la Passion et de la Résurrection est déjà contenu dans celui de la Nativité. Jésus, en naissant parmi nous, fait corps avec nos douleurs. Il sait sur quel chemin il s’engage, mais il s’y engage avec nous. C’est cela qui est beau, dans la Nativité : la douceur du compagnonnage.

Au bout du compte, j’ai gardé les beaux tissus : je voulais honorer cette douceur. Et j’ai décidé de placer mes rameaux entre les mains de la Sainte Vierge… Avec moi, elle attend Jésus, celui qui nous sauve.

Cécile Gandon, ombresetlumiere.fr – 29 novembre 2021

Porteuse d’un handicap moteur, Cécile Gandon travaille dans l’associatif. Elle est l’auteur de « Timéo et sa drôle de famille » (Téqui).