Série de l'Avent - Rien n'est impossible à Dieu

Série de l’Avent – Rien n’est impossible à Dieu… 2/4

cyprien et sa fille Philippine
© DR.

« Nous sommes partis un peu à l’inconnu »

Tout au long de l’Avent, Ombres & Lumière célèbre l’inattendu, et plus encore, l’impossible entrevu dans la vie d’une personne touchée par le handicap.
Cette série « Rien n’est impossible à Dieu », se poursuit avec Cyprien, qui marche chaque été, depuis 2019, avec sa fille Philippine porteuse de trisomie 21, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Comme beaucoup, cela faisait un moment que je me rêvais sur le chemin de Compostelle. Et comme beaucoup, cela me semblait difficile à mettre en place. Je me disais que ce serait un projet pour la retraite. En 2011 est née Philippine, notre quatrième enfant, porteuse de trisomie 21. Cela a été un bouleversement pour notre famille. Beaucoup de choses sont remises en question à ce moment-là. Son arrivée a aiguisé mon regard sur la vie et ce que j’avais envie d’en faire. Or, depuis toute petite, contrairement à ses aînés, Philippine était toujours partante pour se balader. Nous partions souvent tous les deux et nous faisions régulièrement de belles rencontres. Et l’idée du défi a germé : pourquoi ne pas tenter tout de suite l’aventure de Saint-Jacques avec Philippine ? Rien n’est impossible à Dieu ! J’ai imaginé un parcours en découpant le chemin en plusieurs tronçons. Une vingtaine de kilomètres à parcourir durant une dizaine de jours, chaque été. Parisiens, nous sommes partis depuis Notre-Dame. La cathédrale avait brûlé trois mois plus tôt et Philippine venait de fêter ses 8 ans.

Nous sommes partis un peu à l’inconnu. Je n’avais reçu le chariot que quelques jours plus tôt. Je me demandais si physiquement, je tiendrais pendant dix jours à pousser un chariot qui pesait mon poids. C’était aussi un sacré challenge pour Philippine ! Même si nous avions anticipé beaucoup de choses avec de la musique à écouter, des gommettes à coller et une loupe pour étudier les insectes… comment allait-elle réagir en restant assise des heures durant ? Dans la confiance, nous sommes partis, et avec un peu de détermination, on passe partout même si parfois pour franchir un obstacle, il faut démonter le chariot, le vider entièrement avant de faire les manœuvres inverses. Alors oui, on aura mis 20 minutes pour franchir un mètre mais c’est réalisable !

Ce que nous vivons avec Philippine sur le chemin me ramène au quotidien avec elle. La vraie vie se poursuit durant ce défi avec ses joies et ses épreuves. Alors, que faisons-nous face aux difficultés ? Ou on les subit, ou on en rit et on cherche des solutions. Les épreuves rencontrées ont été riches d’enseignements. Je ne souhaite pas les galères mais elles nous ont toujours permis de rencontrer de belles personnes. Je repense à David, contacté grâce à un employé d’un office de tourisme, qui a fait des kilomètres avec son camion pour nous rejoindre et réparer une roue du chariot. Grâce à lui, nous avons pu reprendre la route et, touché par notre histoire, il n’a jamais voulu se faire payer. Les anecdotes comme celles-là sont nombreuses. Philippine ne parle pas très bien mais elle communique très bien. À son contact, les cœurs s’ouvrent. Les gens se livrent spontanément et l’on sent que ça leur fait du bien.

Ce défi est né de la fragilité de Philippine. De sa fragilité est né un papa qui vit une grande aventure avec sa fille. De sa fragilité est née une force qui nous a mis en chemin. Malgré les kilomètres parcourus, les côtes à grimper, les chemins boueux à emprunter, je reviens à chaque fois bien plus en forme que je ne suis parti.

Propos recueillis par Christel Quaix

compostelle-pere-fille.com

Partager