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“Psycyclette, une expérience humaine géante”

des coureurs de Psycyclette.
© Psycyclette

Pour sa 9ème édition, Psycyclette vient de s’achever, ce vendredi 16 juin, par une dernière boucle d’Evreux à Tours. Josselin, infirmier, et Maryline, patiente au centre de réhabilitation des Portes de l’Eure, ont participé à cette randonnée cycliste mêlant soignants, bénévoles et patients concernés par des troubles psychiques. A peine arrivés, ils témoignent des kilomètres parcourus coude à coude, jusqu’à oublier totalement les étiquettes.

Josselin, 32 ans, infirmier, coordinateur de soins à la clinique psychiatrique des Portes de l’Eure à Vernon

“C’est la première fois que je participais à la Psycyclette. A l’heure actuelle, on sait qu’environ 3 personnes sur 4 sont appelées à vivre des troubles de l’ordre de l’angoisse, anxiété, dépression ou troubles psychiques plus marqués, comme la bipolarité, la schizophrénie ou les troubles de la personnalité. Rouler tous ensemble à vélo m’a permis de me rappeler qu’on est tous sur le même bateau. Lors de la randonnée, il n’y avait plus vraiment de patients ou de soignants, on s’est rejoint, parce qu’on était tous là avec nos difficultés, notre fragilité commune. Sur une vie, il y a un moment où on a plus besoin d’accompagnement, c’est le cas pour nos patients, mais une action comme Psycyclette nous conduit à nous rapprocher entre humains, sans être définis par notre fonction.
Le but est aussi de déstigmatiser la santé mentale, qui reste relativement taboue en France. Nous sommes passés dans plusieurs villes qui ont beaucoup fait pour nous accueillir, grâce à l’Unafam. Nous ne sommes pas passés inaperçus ! Il est important de pouvoir exprimer à la population, qu’au-delà des gros titres qui font le bon dos de certaines émissions et tapent toujours sur les mêmes, la réalité de la psychiatrie est toute autre. L’esprit Psycyclette, c’est qu’à l’image de notre vie, on a tous galéré ensemble. Moi qui pensais naïvement y arriver sans beaucoup d’entraînement, j’ai dû remonter dans le camion à 20 km de l’arrivée, pour l’avant-dernier tronçon : j’étais dans la zone rouge ! Je n’ai pas pu finir, alors que d’autres, en plus grande situation de fragilité psychique, ont pu boucler leurs 420 km de vélo : c’est bien de pouvoir se remettre en perspective, et pour les patients, de voir qu’on est fort physiquement. La route reste une très belle analogie de la vie : il y a des montées, des descentes, des plats -on peut chuter, puis se relever. »

Maryline, 56 ans, patiente à la Clinique des Portes de l’Eure

“Je suis préparatrice en pharmacie à l’origine, et je fréquente le Centre de réhabilitation depuis 2016, à la suite d’une très grosse dépression qui m’empêche de reprendre mon travail. J’ai d’ailleurs été licenciée pour inaptitude. J’avais déjà participé en 2019 à la Psycyclette, qui avait été une expérience magnifique. Je ne savais pas si je pouvais la réitérer ; j’ai eu cette chance unique de m’élancer à nouveau cette année dans le peloton. C’est une expérience humaine géante, dans laquelle on trouve beaucoup d’humanité, de bienveillance de la part de chacun, un esprit d’équipe et de partage. C’est un moment très porteur, qui nous permet de nous dépasser, de montrer qu’on est capables de certaines choses : ça nous revalorise. Cette année, on a connu une très belle entente, les organisateurs ont réalisé des choses énormes pour nous. Je me suis sentie accueillie, entourée, reçue comme si j’étais quelqu’un d’important. J’ai pu éprouver cette sensation de liberté, d’être ailleurs. La randonnée m’a permis d’évacuer, de ne plus être dans le quotidien à ruminer. Sur 420 km, c’était un pur bonheur. »

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