Télévision

Pour Marnie

Nicci, au chevet de sa fille, Marnie.
© Groupe France Télévisions, France 2.

Marnie, atteinte d’une forme rare de dystrophie musculaire, est la fille cadette d’Andrew et Nicci. Une énième infection pulmonaire la laisse dans le coma, le cerveau lourdement endommagé. Maintenue en vie par un respirateur artificiel, elle n’interagit plus. Pour le médecin qui la soigne depuis des années, Marnie souffre et il n’y a plus aucun espoir de récupération. Soutenue par un conseil d’éthique de l’hôpital, elle préconise de débrancher la machine. Sa fille ayant toujours déjoué les pronostics, Nicci s’y oppose. C’est au cours d’un procès que la décision va être prise.

Cette mini-série en quatre épisodes, qui va occuper toute la soirée sur France 2, campe assez bien la situation d’une famille touchée par le handicap : la mère a arrêté de travailler pour s’occuper de sa fille, diagnostiquée lourdement handicapée à 6 mois, l’aînée, très attachée à sa sœur, se sent parfois délaissée en raison de la place centrale prise par la cadette dans le foyer, le couple n’arrive pas toujours à être en phase sur les décisions à prendre… Marnie est, elle, présentée comme une jeune fille extrêmement attachante, joyeuse, qui s’épanouit en dépit du handicap. On peut se réjouir de ce parti pris. Les propos du médecin lors du diagnostic sont précieux : « Préparez-vous à ce que Marnie ait une vie diminuée. Mais ne partez pas du principe que sa vie sera moins belle. Elle sera différente. Adaptez-vous, vous puiserez un bonheur infini en le faisant ».

Assez vite, un malaise s’installe. S’il s’agit de sensibiliser le grand public aux questionnements sociétaux sur la fin de vie, France Télévisions le fait ici de manière biaisée. À titre d’exemple, Nicci est contactée par une association pro-life « Chrétiens pour la vie ». On ne peut qu’être gêné par le fonctionnement de l’association : celle-ci pousse la mère à chercher une faute qu’aurait commise le médecin – lequel s’est toujours occupée de Marnie avec professionnalisme et empathie ; et celui qu’elle convoque pour apporter la contradiction apparaît plutôt comme un charlatan. Le téléspectateur peu averti pourrait établir un raccourci rapide entre promoteur de la vie et personne malhonnête. Et puis, surtout, dans le cas de Marnie, il s’agit d’arrêter un acharnement thérapeutique, et non pas de réaliser une euthanasie sur une personne qui respire seule. La différence est de taille, la confusion aussi.

Christel Quaix, ombresetlumiere.fr – 26 juin 2024

Pour Marnie, le lundi 24 juin sur France 2 à 21h10. Quatre épisodes de 58 minutes qui se suivent.

Partager