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Pour ses 60 ans, L’Arche gonfle ses voiles en Bretagne
Du 28 au 30 mai, L’Arche célèbre ses soixante ans en famille. 2200 de ses membres, dont près de la moitié porteurs d’un handicap mental, sont réunis en Bretagne pour trois jours de fête ininterrompue qui marquent une nouvelle étape pour l’association.
La pluie fine qui tombe en continu à Sainte-Anne-d’Auray n’a pas entamé la bonne humeur des 39 communautés venues des quatre coins de la France, et des délégations de 35 pays, pour fêter les 60 ans de L’Arche. Bottes et cirés sont de rigueur sur le site transformé en embarcadère par des dizaines de volontaires, avec ou sans handicap. « Cette fête est entièrement préparée et organisée par les communautés et pour les communautés. Tous les talents sont mis à l’honneur », précise Pierre Jacquand, responsable national de L’Arche en France. Un phare immense, des chapiteaux dénommés « l’abri du marin », « la criée » ou « la plage », évoquent le thème des festivités : « On embarque ! »
Sous l’immense chapiteau où se déroule la cérémonie d’ouverture, orchestre et chanteurs entraînent le public gonflé à bloc qui reprend en chœur : « On embarque, poussé par le vent, on ira d’Arche en Arche faire la fête… » Les foulards de couleur tournent en rythme tandis que les bannières de chaque communauté défilent sur la scène par ordre chronologique de fondation. La bannière de La Belle Porte clôt ce défilé. Entrée à L’Arche il y a tout juste un an, la communauté du Morbihan est chargée de l’accueil de la fête. « Nous avons choisi la petite dernière, la plus petite et la plus fragile des communautés, souligne Pierre Jacquand. Mais elle est jeune, dynamique, ouverte, spirituelle et communautaire : c’est ce que nous voulons privilégier à l’Arche dans les années à venir. » Après le spectacle vivant qui s’achève sous les ovations du public, Pierre Jacquand rappelle : « Nous sommes venus à Sainte-Anne pour prendre le bon vent, celui dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va, dont on peut entendre le murmure. » Faisant allusion à la période difficile de l’histoire de l’association après les révélations sur son fondateur, Jean Vanier, il poursuit : « Il faut regarder les premiers temps de L’Arche à frais nouveaux. Nous sommes désormais en train de devenir, petit à petit, à notre manière, ce que nous sommes tous : les initiateurs, les inventeurs, les responsables, les fondateurs de L’Arche d’aujourd’hui. »
Une gigantesque ola fait onduler les gradins et conclut la cérémonie avant le signal du dîner. Patrick, depuis 20 ans à la communauté de La Merci, à Cognac, apprécie l’ambiance : « Je me sens en famille ici. Les assistants de l’Arche m’ont remis debout, redonné goût à la vie et au travail », témoigne-t-il. » Un orchestre bariolé fait tintinnabuler grelots et tambourins en déambulant. Sonia se balance en cadence : « C’est génial, tout le monde fait la fête avec nous ! » La fête bat son plein de bout en bout : ateliers, conférences, temps spirituels, spectacles et embarquement sur quelques bateaux. En attendant le final, une farandole, joyeuse et maladroite serpente à travers les tables au son de la bombarde et de la cornemuse. « Moi, ce qui me plaît le plus à L’Arche, confie Franck, bénévole à la communauté de Nancy, ce sont les liens uniques tissés au jour le jour avec les personnes en situation de handicap. La fraternité nous unit vraiment les uns aux autres. »
Solange du Hamel, ombresetlumiere.fr – 30 mai 2024
Fondées en 1964 par Jean Vanier, les communautés de l’Arche regroupent des petites maisonnées au sein desquelles des personnes avec ou sans handicap mental font l’expérience d’une vie partagée. En 2020, une crise, liée à la révélation des agissements de Jean Vanier, a secoué l’Arche, mais lui a aussi permis de confirmer la solidité et l’actualité de son projet. Aujourd’hui, 1900 personnes ayant un handicap intellectuel sont accueillies dans les 160 maisonnées des 39 communautés de la fédération de l’Arche en France, dont trois nouvelles communautés depuis 2020.