Une vie de maman

Re-re confinés

une mère de famille fatiguée
© Istock.

Les allers-venus des ados, les aléas de l’imprimante, les expériences culinaires et les batailles de connexion semblaient derrière nous, mais voilà de nouveau le train infernal du travail, des courses, et des devoirs connectés. Avec un grand garçon « non-autonome » à la maison qu’il faut sans cesse surveiller et aider pour tous les gestes quotidiens, le train fantôme passe dans le tunnel de la mort. Mon endurance et ma ténacité sont mises à rude épreuve depuis un an. Celles de la fratrie également, qui fait les frais de mes accélérations autoritaires de « rangement-dînés-couchés-on en reparle demain en fin de journée » !

Seulement, comme cela arrive parfois, mon grand Paul qui n’a pas pu sortir autant qu’il voulait en raison de la pluie, ne veut pas dormir. Il crie en levant les bras, court entre sa chambre et la cuisine, saute sur son lit, casse les lattes du sommier et vide tous les placards. Non, vraiment impossible de fermer l’œil. A trois heures du matin, je suis assise dans l’escalier, espérant la fin du manège après avoir tenté mille stratagèmes. Je sens alors une grande colère m’envahir. Non pas une colère explosive mais un sentiment d’injustice sur fond d’accumulation de fatigue et de frustrations. La colère intérieure qui précède le désespoir. Celle qui me donne envie d’en découdre avec le Bon Dieu. Celle qui me fait dire « je n’y arriverai jamais ». Cette situation est trop difficile. Le Seigneur m’en demande trop. C’est vraiment injuste.

Oui, c’est vrai, qui aurait l’idée de mettre les familles et les personnes fragiles dans des situations pareilles ? Et qu’on ne me dise pas que le Seigneur n’y est pour rien, car si la situation s’améliore on sera prompt à le Lui attribuer. Mais si la situation se dégrade ? Nos prières ne sont-elles pas convenables ? Je connais bien ce monologue décourageant des pensées infernales : une conséquence plus terrible encore que la cause même de ma colère. Alors je me raccroche à une pensée simple et efficace pour en sortir : Il a souffert et donné sa vie par amour pour nous et Il nous regarderait aujourd’hui dans nos difficultés avec indifférence et distance ? Impossible ! Je ne peux pas me battre contre Dieu, car Dieu est de mon côté. Oui, Dieu se bat toujours de notre côté dans l’épreuve. Une ample gratitude me saisit le cœur. Une grande paix aussi. Celle de pouvoir tout déposer dans la sagesse de la nuit, la confiance et l’Espérance. On en reparlera demain.

Marie-Amélie Saunier, ombresetlumiere.fr – 4 mai 2021

Portrait de Marie-Amélie

Marie-Amélie Saunier vit à Lyon. Elle est mère de quatre enfants, dont Paul, atteint d’autisme.

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