Sébastien Le Goff : « Nous attendons des convictions »

Sébastien Le Goff, vice-président du groupe Polyhandicap France et directeur général de l’association Les Tout-Petits, consacrée aux enfants, adolescents et adultes polyhandicapés et handicapés mentaux, connaît bien Aurore Bergé. La ministre fraîchement nommée aux Solidarités et aux Familles est venue plusieurs fois soutenir son association. Sébastien Le Goff livre son opinion personnelle sur une femme « de terrain » et énonce ses attentes très fortes envers le nouveau gouvernement.

« Je me réjouis qu’Aurore Bergé prenne la tête du ministère des Solidarités, parce qu’elle est à mes yeux une femme de terrain, très engagée sur la question des personnes en situation de handicap. Elle nous a manifesté son soutien à chaque fois que je l’ai rencontrée. Elle a oeuvré à l’inclusion sur notre circonscription des Yvelines, en appuyant la scolarisation des enfants en situation de handicap. Aurore Bergé s’est montrée sensible en particulier au polyhandicap, qui est une forme de handicap plus rare, mais extrêmement lourd. L’an dernier, elle a participé au Duo Day (rencontre organisée entre employeurs et personnes handicapées, ndlr) avec un des résidents polyhandicapés de notre Maison d’accueil spécialisée. Elle cherche à faire avancer le débat public en faveur des personnes et non pas du contexte ambiant. Cette femme a une forme de détermination, qui l’aide à mettre en oeuvre les convictions qu’elle porte.

Nous portons de grandes attentes : la Conférence nationale du handicap au printemps promettait par exemple de nouveaux groupes de travail, qui n’ont toujours pas été mis en place. Les associations n’ont pas été contactées. Sur le volet du handicap rare et du polyhandicap, il s’agirait d’aller plus loin, avec pourquoi pas la création d’un ministère des handicaps rares et sévères. Concernant le rapport de l’ONU sur la désinstitutionnalisation, qui entend garantir le droit de vivre de manière autonome et d’être inclus dans la communauté, il faut se poser les bonnes questions : la société est-elle vraiment prête à cette inclusion, et, en attendant, ne faut-il pas déjà renforcer les solutions existantes ? Nous avons été assez déçus du mandat de Madame Darieussecq, même si elle s’est déplacée partout. Nous attendons des convictions, des positions, et que la politique s’ancre plus que jamais dans la réalité du terrain.

Je porte l’espoir qu’Aurore Bergé garde au ministère la mémoire de tout ce qu’elle a traversé au sein de sa circonscription. Elle connaît bien notre association, a créé des liens avec un certain nombre de parents, et a été attentive aux préoccupations des personnes en situation de handicap. Elle a pris le temps d’écouter les familles, de noter. On sait ce qu’elle vaut sur le terrain, on espère que ça va se retraduire au niveau ministériel. »

Recueilli par Marilyne Chaumont