Un jour tout neuf 

L’année commence. Les rois mages viennent juste d’arriver devant l’enfant qui vient de naître. Autour de moi, tout est calme, le ciel gris pâle éclaire toute chose d’une lumière paisible. Un voisin passe devant mes fenêtres d’un pas tranquille, sa baguette sous le bras. En apparence, tout est comme hier… et pourtant ce matin tout est neuf. 

Parfois, il m’arrive pourtant de me dire, avec une pointe de découragement, que l’histoire ne cesse de se répéter. Comme si elle obéissait à un mouvement de balancier, les temps de paix succédant aux temps de guerre, que ce soit dans la grande Histoire ou dans mon histoire personnelle. Dans celle des gens qui m’entourent, aussi. Cela me rend songeuse. Car alors, que vient faire Jésus dans l’histoire ?

Je sais que cette année, je vais continuer à alterner les jours fatigués et les jours enthousiastes, les nuits teintées d’une souffrance plus ou moins légère et les matins aux muscles endoloris, mais aussi les repas entre amis, les belles conversations, et de temps en temps les soirées à lire des histoires avec un enfant sur les genoux. 

C’est dans ce monde que Jésus vient. C’est dans ma vie avec ses allers et retours. Il ne vient pas, tout d’un coup, casser le balancier. La bonne nouvelle n’est pas l’absence, enfin ! de difficulté. La disparition de mon handicap et de toutes les formes de souffrance, même si c’est souvent ce que je souhaite ardemment. Mais le progrès est dans la manière de les envisager, de les traverser. C’est cela que Jésus est venu me montrer. C’est en cela qu’il apporte une nouveauté radicale. 

Je ne sais pas si l’on peut traverser la guerre… l’esprit en paix. Peut-être puis-je, à mon niveau, choisir de faire du handicap non pas un obstacle, mais un moyen pour mieux aimer. Et puisque l’espérance est le signe de l’année déclarée « jubilaire » par l’Eglise, un levier pour espérer.

Cécile Gandon, 6 janvier 2025

Porteuse d’un handicap moteur, Cécile Gandon met sa créativité et sa finesse au service de la Fondation OCH. Elle a publié « Corps fragile, cœur vivant » (Emmanuel).