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Une immersion dans un Esat avec le Duo2

© S. du Hamel

Une découverte au plus près du réel, sur le lieu de travail quotidien des employés d’Esat, c’est ce que propose chaque année la Fondation des Amis de l’atelier lors des journées Duo2. À Châtillon, en banlieue parisienne, neuf salariés valides ont ainsi travaillé en binômes avec des employés de la structure.

« N’oubliez pas les charlottes et les masques ! Les normes d’hygiène sont très strictes ! » Astrid et Florence, deux ouvrières de l’Esat de Chatillon, accueillent avec efficacité les deux salariées qui vont travailler à l’atelier conditionnement, ce jeudi après-midi. Alice, salariée de la SMCP, un grand groupe de prêt-à-porter, enfile une blouse grise avant de se diriger vers une grande pièce lumineuse. Chef de projet handicap et diversité, elle a déjà participé plusieurs fois aux journées Duo2 et a entraîné cette année sa collègue Salomé dans l’aventure. « Je viens avec l’idée de créer des liens et des passages entre les travailleurs d’Esat, les entreprises et les usagers », explique-t-elle. Les deux jeunes femmes rejoignent leur poste : décompactage de mangues séchées pour Alice, guidée par Astrid ; mise en sachets et pesée pour Salomé, sous le pilotage de Florence.

« Les gens sont souvent étonnés par notre professionnalisme. » Laurent

Dans une salle toute proche, deux autres salariées découvrent l’atelier menuiserie où sont fabriqués de multiples objets de décoration en bois. Nathalie, archiviste au ministère de la culture, est patiemment initiée par Lyvio à l’utilisation de la scie à chantourner. Elle est ravie de ce partage d’expérience : « Je n’aurai jamais deviné que Lyvio était porteur d’un handicap. Et ce travail si précis, minutieux, très manuel est nouveau pour moi. » Le crayon à la main, Céline fabrique un support de téléphone. Référente technique participation à l’OCIRP, une union d’institutions de prévoyance et de rente, elle est sensibilisée au handicap dans son entreprise, mais ne connaissait pas le fonctionnement d’un Esat et admire les objets exposés. Laurent l’encourage avec bonhomie. Il est chaque année volontaire pour accueillir les salariés et parle de son activité avec plaisir. « Les gens sont souvent étonnés par notre professionnalisme, explique-t-il. Nous avons des objectifs et devons fournir une production de qualité pour nos clients. » Lyvio éclate de rire en même temps que Céline qui a cassé le bois de son objet en sciant. Il commente : « J’apprécie les moments d’échange et de partage pendant les journées Duo2. Et je me sens valorisé et gratifié en montrant mon travail. » Bien formé à l’Esat, il a acquis des compétences qui vont lui permettre d’entrer chez les Compagnons du Devoir en septembre ; il cherche un employeur.

A l’atelier conditionnement, le travail est presque achevé et l’ambiance animée. Valides ou en situation de handicap discutent, à leur poste, de leurs chanteurs préférés et entonnent dans la bonne humeur un vieux tube de Dalida. Salomé, fatiguée par cet apprentissage « pas évident », a rejoint Nadège, chargée de l’accueil. Les deux jeunes femmes échangent avec plaisir sur les points communs de leurs métiers.

Touchée par l’expérience, Salomé glisse : « J’ai trouvé les employés de l’Esat très actifs et compétents dans leur travail. Je suis surprise qu’aujourd’hui, certains souffrent encore d’un regard négatif porté sur leur handicap et du sentiment de ne pas être inclus dans la société. Je vais maintenant essayer de mieux connaître les Esat et les inclure, en fonction de leurs compétences, dans nos propositions d’achats. Ils peuvent constituer une vraie valeur ajoutée. »

Solange du Hamel, 4 mars 2025

Depuis plus de 60 ans, la Fondation des amis de l’atelier accueille et accompagne dans 100 établissements et services, des personnes en situation de handicap mental, psychique ou porteur du spectre autistique. En 2018, la fondation a lancé Duo2 avec l’objectif de valoriser le travail et favoriser l’inclusion des personnes handicapées dans le monde du travail ordinaire. La sixième édition du Duo2 a permis à 50 salariés du secteur public ou privé de découvrir le travail de 50 collaborateurs dans les 8 Esat de la fondation.

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