Hommage à Jean-Christophe Parisot

Jean-Christophe Parisot
Jean-Christophe Parisot, lors de la conférence donnée pour l’OCH en octobre 2019 © Michel Pourny.

Myopathe, premier préfet handicapé de France, diacre permanent, Jean-Christophe Parisot est décédé dimanche 18 octobre, à l’âge de 53 ans. Retour sur un parcours exceptionnel sur « la voie de la fragilité ».

Jusqu’à ses dernières semaines de vie, il avait encore des projets plein la tête, et n’avait pas renoncé à changer le monde en vue d’une meilleure inclusion des personnes handicapées. Jean-Christophe Parisot de Bayard a quitté cette Terre le 18 octobre, laissant une femme, quatre enfants, des petits-enfants, et nombre d’amis, en particulier handicapés, dont il s’était fait en quelque sorte le porte-voix.

Malgré la maladie – une myopathie qui l’avait fait descendre progressivement l’échelle de la dépendance, jusqu’à la paraplégie et l’aide respiratoire, il avait eu un parcours exceptionnel en tout point, au sein du monde politique comme de l’Eglise. Inspiré par le modèle d’un grand-père résistant pendant la 2e guerre, il avait trouvé la force de réussir Sciences po, de se lancer en politique – il créa même le Parti des démocrates handicapés, et tenta à deux reprises de recueillir les signatures pour se présenter à l’élection présidentielle. Avec force détermination, il passera du militantisme aux responsabilités concrètes en devenant le premier préfet handicapé de France, en 2008. A sa mort, il était préfet en charge de la lutte contre l’exclusion à Montpellier, s’employant en particulier à la sensibilisation au handicap des collégiens, à travers l’association « Différent comme tout le monde ».

« Nous sommes des exilés »

Chrétien convaincu, il avait été ordonné diacre dans le diocèse d’Amiens en 2002, devenant le plus jeune diacre de France. Même s’il séparait bien les domaines, il n’hésitait pas à témoigner de sa foi profonde, de son amour de l’Evangile. Soucieux de la prise en compte des personnes handicapées dans la vie ecclésiale, il n’hésitait pas à secouer, interpeller, provoquer la discussion afin de faire bouger les choses, en matière d’accessibilité comme de responsabilités. « Nous sommes des exilés ! », proclamait-il à Lourdes en 2016, se faisant le porte-parole de toutes les fragilités, auxquelles l’Eglise doit s’ouvrir pour être fidèle à son message.

Militant vigoureux, mais grand spirituel au fond, Jean-Christophe Parisot impressionnait souvent ses auditeurs par son courage, sa détermination, sa force de caractère. Avec le temps, sa parole devenait de plus en plus en douce et humble. Avec des accents prophétiques, il vivait dans son corps l’appel du Christ à prendre sa Croix et à intercéder pour le monde à travers la souffrance. Comme le dit une personne handicapée de l’entourage de l’OCH, « il montrait la voie ». Puisse-t-il continuer sa mission depuis le Ciel où, libéré de ses pesanteurs, au bout de son combat, il aura rencontré l’Amour.

Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr – le 19 octobre 2020

A lire : La voie de la fragilité, co-écrit avec Philippe de Lachapelle, Mame, 2019

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