Une vie démente

Une comédie belge réussie sur le thème de l’avènement du grand âge et de la dépendance.

L’histoire

Alex et Noémie forment un couple de trentenaires heureux qui se décide à prendre les moyens d’attendre un premier enfant. Mais, dans le même temps, Suzanne, la mère d’Alex, toujours directrice d’une galerie d’art malgré l’âge, présente des signes de plus en plus flagrants de démence. Préoccupé, le couple sursoit à son projet d’enfant pour s’occuper de Suzanne et lui aménager un mode de vie à domicile adapté à sa dépendance.

L’avis d’O&L

Sur un sujet grave – l’avènement de la dépendance et son impact sur les proches, en particulier les enfants, ce film belge parvient à jouer une partition décalée, drôle, sans être grinçante ni cynique. Personnage haut en couleur, Suzanne devient avec la sénilité une vieille dame tout aussi théâtrale et attachante. Le film porte un regard lucide sur le déclin dû à la maladie ; mais il montre qu’on n’est pas obligé de verser dans le drame, comme le fait Alex, qui renonce à vivre et est prêt à sacrifier son couple pour se montrer à la hauteur de ce basculement de vie… A l’image de Suzanne, artiste dans l’âme, la mise en scène est créative, inventive, surprenante… On pense ce motif de tissu, symbole de la mère, qui vient à envahir tout l’univers intime du couple, du couvre-lit à l’étui de téléphone. Autre trouvaille : le choix de filmer les professionnels auxquels sont confrontés les trois personnages (banquier, médecins…), systématiquement hors champ, créé des scènes drôlissimes où l’absurde n’est pas loin. Quant au montage, syncopé, il confère au film un rythme particulier, étonnant. Porté par des acteurs peu connus mais excellents, Une vie démente fait partie de ces films modestes qui transmettent l’air de rien un surcroît d’humanité, et nous invitent à lâcher prise.

Cyril Douillet, ombresetlumiere.fr – 9 novembre 2021

Un film d’Ann Sirot et Raphaël Balboni. En salles le 10 novembre.