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Être aveugle à l’heure du Covid

Patricia marchant dans la rue avec sa canne
© C. D.

Patricia est non voyante. Elle témoigne de tous les obstacles rencontrés au quotidien du fait de la pandémie.

Le Covid change beaucoup la donne pour nous, aveugles. Avec toutes les règles de distanciation, on ne trouve plus l’humanité, l’aide, qu’on avait l’habitude de trouver lorsque l’on est seul dans la rue – même quand on est assez autonome. Avec le virus, les gens ont peur, ne nous proposent pas d’aide… L’aveugle est perdu. Certaines personnes nous guident de loin, sans nous toucher, en indiquant le chemin par la voix, mais ça ne nous aide pas du tout ! Nous, ce qu’on veut, c’est un bras… Il est possible de toucher simplement l’épaule, en restant à bonne distance. L’aveugle est bien conscient que le virus est là, il fait attention.

Dans la rue, nous sommes aussi gênés par les chaises et les tables des bars et restaurants qui sont maintenant sur le trottoir. Quand on croyait bien connaître le chemin, on se retrouve perdu quand il y a des obstacles partout…

Par ailleurs, dans les transports, c’est très compliqué car on ne voit pas les marquages qui ont été faits… Donc on a toujours besoin de quelqu’un pour nous dire où l’on peut se positionner.

Enfin dans la vie courante, dans les magasins, nous n’avons plus le droit de toucher, les fruits et légumes ou d’essayer les choses, les vêtements par exemple, ce qui est très important pour nous.

Quant au masque, il nous empêche de sentir avec le visage le changement d’air, de vent, qui nous aide à nous orienter habituellement…

Les gens ne comprennent pas forcément ce qu’on vit. Il faut qu’ils continuent à proposer de l’aide, en s’adaptant à la distanciation. Quant à nous, on peut tendre une canne ou porter un sac à dos, afin que les personnes ne nous touchent pas. C’est la condition pour que l’on continue à sortir de chez nous… Sinon on retourne en confinement et c’est un peu triste !

Recueilli par C. D.

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