Télévision

Onze de légende

l'équipe Onze de légende
©William Dupuy/CANAL+

Dans le monde du football, un « onze de légende » est une équipe de joueurs mythiques. Le documentaire proposé par Canal + suit un « onze » un peu particulier, composé d’enfants autistes et non autistes qui se sont entraînés chaque semaine, pendant six mois, au stade La Plaine à Clamart (Hauts-de-Seine)… Téo Foucher, enseignant en activité physique adaptée et frère d’une jeune autiste, a supervisé cette équipe hors du commun. Pour Ombres & Lumière, il revient sur cette aventure.

Racontez-nous la naissance du projet « Onze de légende »…

Caroline Delage, journaliste sensibilisée à l’autisme par une amie, a voulu mettre en avant cette cause. Elle s’est rapprochée de la Fondation du Paris Saint-Germain, avec la volonté de monter un groupe d’enfants et de les suivre le temps d’une saison. Elle a souhaité que les coachs sportifs soient entourés d’experts. C’est ainsi qu’avec une psychologue et une pédiatre, j’ai été contacté pour intégrer le projet.

Comment a été composé le groupe ?

Nous avons contacté l’association Autistes Sans Frontières qui mutualise beaucoup de familles. Les enfants non autistes viennent du club de Clamart où ont lieu les entraînements. Ils suivent un entraînement atypique avec le « Onze de légende » le matin durant une heure et un entraînement plus classique l’après-midi. Le groupe est composé d’une quinzaine d’enfants entre huit et douze ans et il est équilibré entre porteurs ou non d’autisme.

Quels étaient les enjeux d’un tel programme ?

Réussir à motiver tous les enfants pour une même pratique relevait du challenge. Créer des liens de camaraderie entre tous était un défi, quand on sait combien les interactions sociales peuvent être difficiles pour les autistes. Il a fallu du temps pour qu’une réelle dynamique se mette en place. Au départ, le regard des enfants non autistes était assez timide, anxieux. Petit à petit, ils ont pris confiance. Ils ont découvert ce qu’était l’autisme. L’objectif était de créer une vraie inclusion et que les enfants autistes puissent participer aux entraînements sans avoir un regard bizarre posé sur eux. L’enjeu pour les enfants autistes était de prendre du plaisir dans la pratique du football, d’être capable de progresser avec le ballon, et d’arriver à imiter les comportements adaptés des non autistes.

© William Dupuy/CANAL+

Quel rôle tenaient les familles dans un tel projet ?

Nous veillons à garder un lien étroit avec les familles. Si le travail se fait en direct avec l’enfant, la famille reste le premier éducateur. Nous lui demandons de nous transmettre régulièrement des informations : les retours que leur font leurs enfants, les bilans des jeunes autistes… Si l’un d’entre eux fatigue pendant l’entraînement, il est important pour nous de savoir s’il a été malade, s’il y a eu un souci à la maison, à l’école. L’objectif est de comprendre au mieux chaque profil pour assurer le meilleur suivi possible.

Le projet va-t-il continuer ?

Au vu de la réussite du projet, une nouvelle saison a débuté en novembre 2022, toujours avec la Fondation Paris Saint-Germain. Cela semble bien parti pour perdurer ! Et maintenant, nous parlons d’équipe partagée. L’objectif est de développer ce type de projet. Je commence à me rapprocher d’autres clubs de foot professionnels pour essayer de le dupliquer. Il y a un gros manque en matière d’inclusion. Aujourd’hui dans les clubs, des sections sport adapté accueillent des personnes autistes, mais celles-ci ne sont pas incluses dans un groupe « ordinaire ». Il est sûr qu’un projet comme celui-là demande de gros moyens financiers, qui peuvent représenter une limite pour certains. Et on ne peut pas construire un tel projet avec un seul entraîneur. À chaque entraînement, nous sommes minimum trois pour encadrer le groupe. Mais l’année dernière, j’étais présent à chaque entraînement, quand cette année, je ne viens qu’une fois par mois. Cela montre qu’après un investissement de départ, les entraîneurs peuvent être par la suite de plus en plus autonomes.

Quelle est votre plus grande satisfaction à la fin de la première année ?

Voir un groupe avec le sourire. Et parallèlement, voir la tristesse de certains à la fin du projet montre qu’il a largement fonctionné. Regarder les enfants autistes s’épanouir avec d’autres enfants qui n’ont pas le même fonctionnement qu’eux, admirer leur progression sur le plan moteur et social constitue une véritable satisfaction. À travers le documentaire, je suis heureux que les familles puissent mesurer que chaque enfant a sa place, même s’il a un degré d’autisme un peu sévère. J’espère que cela leur donnera de l’énergie !

Propos recueillis par Christel Quaix, vendredi 3 février 2023

Le dimanche 5 février à 19h sur CANAL+kids et disponible en replay sur myCANAL plusieurs mois.

Partager