Faire tomber les préjugés

Ecouter le podcast

Florent Bénard est responsable du service Écoute et conseil de l’Office Chrétien des personnes Handicapées. Il nous parle aujourd’hui de la situation douloureuse d’une maman qui peine à trouver de l’aide pour son fils.

« J’aimerai pouvoir la sortir de ce pétrin, c’est mon souhait le plus cher vous savez. C’est tellement difficile… C’est une bataille permanente et une souffrance indescriptible pour les familles ». Ces paroles sont celles d’une mère, qui accompagne depuis plusieurs dizaines d’années son fils souffrant de troubles psychiques. Problème de logement, accès à l’emploi, difficulté pour se faire des amis et rester en lien avec ses proches… La situation est douloureuse et la place de cet homme dans la société est de plus en plus précaire.

Cette maman habite dans une région très peu pourvue en associations et structures d’accueil, elle peine à trouver de l’aide et voit ses forces diminuer. « Je n’ai pas vraiment de soutien me dit-elle. Avec tout ce que j’ai cumulé comme stress depuis toutes ces années, je ne suis pas bien du tout. Lorsqu’on est concernés par le handicap ou la maladie psychique, il y a des choses contre lesquelles il faut se battre en permanence pour ne pas se laisser piétiner. On a l’impression que tout est fait pour que l’on abandonne. »

Je sens la colère monter en elle, face à l’ampleur de la tâche. En premier lieu, elle évoque la stigmatisation des personnes malades psychiques, au même titre que et handicapées d’autres minorités souvent pointées du doigt avec mépris et condescendance. Mépris et condescendance, deux mots qui riment souvent avec ignorance, nous le savons bien. Les occasions de rencontres manquent cruellement pour tisser les liens parfois très simples et modestes mais nécessaires pour nous aider à aller au-delà des apparences.

Cette souffrance d’une mère, nous la retrouvons dans les appels de nombreux proches de personnes malades psychiques qui contactent le service Écoute et conseil de la Fondation OCH. « Quand on croit en Dieu on devrait pouvoir aller au-delà des préjugés » ajoute cette mère de famille, « nous les chrétiens, nous n’avons pas le droit de porter de jugement sans savoir. »

Et pourtant, nous savons bien que dans nos mouvements et nos communautés paroissiales nous n’échappons pas aux jugements hâtifs qui entrainent le rejet de ceux qui ne rentrent pas tout à fait dans le moule. Chacun d’entre nous a sa part de responsabilité dans cet accueil inconditionnel que l’évangile nous invite à vivre concrètement.

Puissions-nous saisir des occasions de rencontres pour ouvrir nos cœurs et nos oreilles au-delà de ce petit peuple qui nous ressemble et qui ne fait pas de bruit pendant les homélies. Le pape François ne disait pas autre chose que cette maman, lorsqu’il écrivait dans son encyclique dans Fratelli Tutti : « Si parfois les plus pauvres et les exclus réagissent par des actes qui paraissent anti-sociaux, il est important de comprendre que ces réactions sont très souvent liées à une histoire de mépris et de manque d’inclusion. » Mépris et manque d’inclusion c’est bien à cela que la Fondation OCH a voulu réagir en 2018 lorsqu’elle a créé la toute première nuit du handicap. Dans quelques jours le samedi 15 juin des milliers de personnes se rassembleront dans plus de 40 villes de France pour fêter une nouvelle édition : Aix-en-Provence, Bulle, Dijon, Marseille, Montpellier, Toulouse, Saint Brieux. Les villes sont aux rendez-vous. Cet évènement ouvert à tous est une grande fête pour nous aider à changer de regard sur les personnes pointées du doigt pour leurs différences. Voilà une bien belle occasion qui nous est offerte pour découvrir leurs talents, aller à leur rencontre et faire tomber nos préjugés !

Florent Bénard, responsable du service Écoute et conseil de l’Office Chrétien des personnes Handicapées, KTO Radio / La parole aux associations – 30 mai 2024

Partager