Grands-parents, passeurs d’espérance

Un grand-père tient son petit-enfant dans les bras.
@ISTOCK

BF : On parle parfois de la famille des enfants handicapés, papa, maman, frères et sœurs. On ne parle jamais des grands-parents. Leur place est-elle affectée par le handicap de ce petit-enfant ?

« Je ne sais pas comment faire pour que nos relations s’améliorent avec mon fils et ma belle-fille, je suis désarmée ». Mireille qui a ces mots est la grand-mère de nombreux petits enfants. Parmi eux, Hugo, sept ans, qui est polyhandicapé. Il est limité dans toutes ses fonctions, il ne parle pas. Depuis sa naissance, Mireille et son mari peinent à trouver leur place de grands-parents. Tout est difficile pour eux ! Difficile avec leur fils, qui leur parait enfermé dans sa souffrance de papa d’un enfant handicapé. Difficile avec leur belle-fille, qui fait face avec courage et détermination, mais sans leur laisser aucune place près d’Hugo. Elle prend soin de lui avec une compétence qu’elle ne sait pas leur partager. Mireille et son mari se sentent désemparés. « Nous sommes submergés et impuissants » dit-elle.

Les grands-parents ont beaucoup à s’apprendre les uns des autres dans cette expérience à laquelle ils ne sont jamais préparés.

BF : ils sont pourtant expérimentés, puisque vous dites qu’ils ont de nombreux petits-enfants ?

Précisément, Bruno, ils ont perdu tous leurs repères de grands-parents comme si tout était à apprendre : apprendre à avancer au rythme de leurs enfants face au handicap de leur petit. Accepter le handicap d’Hugo qu’ils avaient rêvé en bonne santé. Faire le lien avec les autres membres de la famille qui parfois s’éloignent, désemparés eux aussi. Prendre soin des frères et sœurs d’Hugo, qui peuvent parfois se sentir moins aimés, tant le handicap de ce petit frère prend de la place dans la famille. Et puis savoir prendre soin d’eux-mêmes aussi, car ils avancent en âge et leurs forces déclinent. Ils doivent veiller à leur propre équilibre, pour rester capables d’aider leurs enfants éprouvés

BF : ce témoignage est-il représentatif de ce que vivent les grands-parents d’enfant malade ou handicapé en général ?

Oui Bruno, il révèle la complexité de ce qu’ils ont à vivre quand le handicap fait irruption dans la famille, quel que soit le handicap de ce petit-enfant, mental, physique, psychique. Les grands-parents ont beaucoup à s’apprendre les uns des autres dans cette expérience à laquelle ils ne sont jamais préparés. C’est pour cela que l’OCH propose la journée nationale des grands-parents d’une personne malade ou handicapée. Toutes les infos sont sur www.och.fr.  Elle aura lieu le samedi 20 novembre prochain à Paris, et elle a pour thème « Bâtir ensemble dans l’Espérance ».

L’Espérance… C’est bien dans cette capacité à espérer envers et contre tout que les grands-parents peuvent aider leurs enfants à traverser l’épreuve du handicap ou de la maladie d’un de leurs petits-enfants. C’est ce qu’a découvert peu à peu Mireille qui conclut « Nous comprenons maintenant que notre place n’est pas de courir à droite à gauche pour tout arranger, mais plutôt d’être des passeurs d’amour, de joie, d’espérance. »

Philippe de Lachapelle sur RCF – 18 octobre

Partager