L’Amour, il est là !

Nous voici dans la semaine sainte qui nous conduit à Pâques. Ce passage de la mort à la vie est pour chacun de nous, aujourd’hui, dans nos vies parfois bien éprouvées.

« Au travers de Perrine, Il se révélait à moi. Je l’avais sous les yeux sans le voir depuis toutes ces années »Elise, qui parle ainsi est la maman de Perrine, jeune fille lourdement handicapée de douze ans. Et Celui qui se révèle à elle, donc, n’est autre que Jésus, au cours d’une messe dominicale. Une histoire bien improbable, dont seul Dieu a le secret dans nos vies parfois si éprouvées.

Elise a eu une enfance dévastée par des adultes. Elle vit dans une quête de bonheur éperdue, qui va d’errances en déceptions successives. Enceinte très jeune, elle vit cette grossesse comme étant enfin l’ouverture à la joie. Hélas, la naissance de Perrine, dont le corps semble si abimé, est pour elle comme une nouvelle brisure. Toute la vie d’Elise devient alors refus de cette souffrance. Elle lutte à coup de grands projets pour que Perrine puisse vivre « comme tout le monde ». Mais là encore, elle va d’échecs en échecs, elle se sent brisée, épuisée.

Vendredi, nous allons contempler tout spécialement la Croix du Christ. Pensons à ces mots du prêtre : « L’Amour, il est là ».

Sa consolation vient de Perrine elle-même, qui manifeste, au fur et à mesure qu’elle grandit, une très grande intelligence du cœur, une étonnante paix intérieure, alors même que sa dépendance est totale, et qu’elle ne peut parler que par des gestes maladroits. Et puis, depuis un séjour de vacances dans un groupe chrétien, Perrine semble mystérieusement vivre une profonde intimité avec Jésus. Comme si elle sentait que le message d’amour du Christ était spécialement pour elle. De quoi interroger sa maman qui, à sa suite, se met à chercher Dieu, ce Dieu qu’elle avait rejetée dans sa révolte.
 C’est ainsi qu’elles se trouvent ensemble un dimanche matin à la messe dans une chapelle d’une cité de banlieue. Cela faisait bien longtemps qu’Elise ne s’était trouvée ainsi à la messe. Le prêtre conclut son homélie en prononçant avec force : « Et l’Amour, il est là ». Et il pointe du doigt l’immense croix au-dessus de l’autel. Perrine tressaille, pousse un cri, cherche sa mère des yeux. « Je la vois encore fixer cette croix de ses grands yeux, explique Elise, abaisser aussitôt la tête pour se regarder ficelée dans son fauteuil roulant, et me jeter ensuite un regard en coin pour s’assurer que j’avais bien compris ». Un voile se lève enfin pour Elise. Elle découvre Jésus, dans la personne même de sa fille Perrine, ligotée sur son fauteuil. 

Pour la maman, c’est une véritable transformation progressive : elle se laisse guider par Perrine qui semble avoir si bien compris le message de l’Evangile. Elise passe ainsi peu à peu du refus au consentement, de l’errance au sens, de la colère à l’amour, de la mort à la vie.

Chers amis, il me plait de vous partager cette histoire d’Elise et Perrine en ce début de Semaine Sainte. Vendredi, nous allons contempler tout spécialement la Croix du Christ. Pensons à ces mots du prêtre : « L’Amour, il est là ». Il est là, et Il nous rejoint dans les plus profondes brisures de nos vies pour nous guérir. Oui, pour nous guérir ! 

Bonne Semaine Sainte, Bonne Pâques !

Philippe de Lachapelle sur RCF – 29/03/2020

Partager