Soins palliatifs ou euthanasie, il faut choisir
Le sujet de l’euthanasie est une nouvelle fois venu devant l’Assemblée nationale. L’euthanasie, est-ce seulement la liberté à donner à quelques-uns de choisir leur mort en fin de vie ?
« Ma vie n’est pas indigne, je vous le garantis ! » Ces mots sont de Marc-Henri d’Alès. Cet homme infirme moteur cérébral de 42 ans se définit lui-même comme « personne lourdement handicapée de naissance ». Il a adressé une lettre aux députés, publiée sur le site ombresetlumière.fr, au sujet du projet de loi sur l’euthanasie. Il n’est pas en fin de vie, mais il s’en inquiète au plus haut point, en tant que personnes handicapée : « En légalisant l’euthanasie, la société me renverrait le message que ma vie ne vaut plus la peine d’être vécue dans mon état », écrit-il.
Hélas, ces derniers temps, c’est bien ce message d’indignité qui est passé sur nos écrans de télé et sur nos ondes, comme un plan de communication soigneusement orchestré autour de témoignages très émouvants : tant de personnes plaidant, parfois en larmes, pour que leur soit donné le choix de mourir, afin de garder leur dignité et ne pas être un poids pour les proches.
Marc-Henri le dit : « Si vous me demandez si je veux vivre dans cet état handicapé, dans cet état de souffrance, je vous réponds tout de suite : plutôt mourir ! » Mais il ajoute aussitôt : « Je suis témoin que la souffrance se traverse si elle est accompagnée… » Et l’homme d’appeler d’urgence à intensifier les soins palliatifs : « Je ne demande pas à mourir, je demande à être soulagé de mes souffrances ».
« Que reste-t-il à faire quand il n’y a plus rien à faire ? »
« Les soins palliatifs, c’est tout ce qu’il reste à faire quand il n’y a plus rien à faire », disait le Docteur Thérèse Vanier, pionnière en la matière dans les années 70. A contrario, faire le choix de l’euthanasie, c’est renoncer à faire ce qu’il reste à faire, ne pas y croire, ne pas le vouloir. Et c’est donc antinomique ! On ne peut pas être un peu pour l’un et un peu pour l’autre. Il faut choisir.
Le débat qui devrait nous animer aujourd’hui, non pour nous opposer, mais pour nous rassembler, c’est : « Que reste-t-il à faire quand il n’y a plus rien à faire ? » C’est vrai pour les personnes âgées, dont on a pu mesurer ces derniers mois combien notre société était maltraitante à leur endroit. C’est vrai aussi pour les personnes handicapées, qui demandent comme Marc-Henri à être accompagnées dans leur vie. C’est vrai des personnes malades psychiques, qui ont tellement besoin que l’on espère pour elles, quand il leur semble qu’il n’y a plus rien à espérer.
Euthanasie et soins palliatifs ne sont pas complémentaires, comme on tente de nous le faire croire, ils sont incompatibles. Pour nous, à l’OCH, le choix est fait depuis longtemps. Il y a toujours quelque chose à faire !
Philippe de Lachapelle sur RCF – 12 avril 2021