Troubles dys
Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 10 septembre 2024
« J’ai beaucoup de chance. Mes troubles sont devenus ma force ». Ces mots sont ceux de Christopher Boyd. Cet homme à l’imaginaire débordant, diagnostiqué multi-dys quand il était en primaire, a toujours aimé dessiner. Il a réussi à se déployer dans la bande dessinée pour témoigner et sensibiliser sur les troubles dys. « Je vais vraiment bien depuis 2 ans » ajoute-t-il. Christopher ne peut cacher son parcours scolaire laborieux et les difficultés qui demeurent mais avec le succès de sa Bande dessinée Moi dyslexique, comment j’ai appris à vivre avec des troubles dys aux éditions Dunodgraphic, il montre ses dons, sa créativité et sa ténacité. Par ce média original, il aide les autres, donne du courage aux adolescents qu’il rencontre et fait de sa passion, son métier. Découvrez cet homme talentueux dans le dernier numéro de la revue Ombres & Lumière que publie l’OCH. Tout un dossier est consacré aux troubles dys. Passionnant ! Et Christopher y témoigne.
Simon : Si Christopher Boyd a estimé important de témoigner à travers une BD, on peut penser que ces troubles sont trop méconnus. Que peut-on en dire ?
Environ 8% des enfants sont atteints de troubles dys. Ce handicap invisible regroupe des réalités multiples. Les dysfonctionnements, plus ou moins sévères touchent les fonctions cognitives du cerveau relatives au langage, à l’écriture, au calcul, aux gestes et à l’attention. On parle de dyslexie, de dyscalculie, de dysphasie, de dyspraxie … Les personnes qui en souffrent n’ont pas de déficience intellectuelle globale. A des degrés divers, ces troubles affectent l’apprentissage et la confiance en soi. Depuis 2005, ils sont reconnus comme handicap. Les élèves peuvent bénéficier d’un accompagnement adapté et quelques institutions spécialisées ont vu le jour ces dernières années. Valérie Le Grasse de la Fédération Française dys pense toutefois qu’il y a encore beaucoup à faire pour changer le regard sur les dys. Dans son dossier de rentrée, Ombres et Lumière donne la parole à quelques familles, professionnels et personnes confrontées à ces troubles. La famille Carairon dont 3 enfants sur 5 sont atteints de troubles dys témoigne « on n’imagine pas ce que c’est de ne pas pouvoir s’exprimer »
Simon : comment encourager ceux qui nous écoutent, les parents et ceux qui sont confrontés à des troubles dys ?
Emilie Schlumberger, neuropédiatre et responsable d’un centre référent des troubles spécifiques du langage, dit l’importance de reconnaître la souffrance que peut générer ce handicap invisible, la volonté ne suffisant pas pour dépasser les troubles dys. Elle insiste sur la confiance à donner aux enfants, sur la curiosité à développer en eux et leurs forces à distinguer. Beaucoup de jeunes, et Christopher en témoigne aussi, se dévalorisent, perçoivent avec sensibilité les moqueries. Pour pouvoir affirmer comme Christopher que ses troubles sont devenus une force, on peut imaginer que ceux qui lui ont fait confiance ne sont pas pour rien dans son cheminement. Faisons nôtre la citation de Christian Bobin : La confiance est la matière première de celui qui regarde : c’est en elle que grandit la lumière !
Chroniques animées par par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.