Un p’tit truc en plus 

Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur RCF – 17 juin 2024

Qui n’a pas entendu parler du film français un p’tit truc en plus qui met à l’honneur une belle troupe d’acteurs handicapés mentaux. Artus a en effet osé réaliser une comédie avec 11 acteurs porteurs de handicap et jouer lui-même une personne handicapée. Le film a franchi le seuil des 6 millions de téléspectateurs. Un record depuis le COVID. C’est une véritable surprise pour son réalisateur, l’humoriste Artus, qui espère, comme il a pu l’exprimer lors de son passage à Cannes, que ça va faire bouger les choses. Il a même ajouté il faut s’ouvrir à ces gens qu’on essaie de cacher la plupart du temps. Il faut dire que l’authenticité, la joie de vivre et le regard décalé sur la vie que peuvent avoir les personnes handicapées est bien mis en valeur dans le film. C’est ce qui le rend si rafraîchissant. On en oublie même les quelques lourdeurs. Cette joyeuse comédie, tournée dans les splendides paysages d’Auvergne, porte un message intéressant et nécessaire à l’heure où la vie de ces personnes pourrait être menacée.

Bruno : Voyez-vous dans le succès de ce film un signe de contradiction ?

Je reprendrais bien les mots de l’évêque de Carcassonne et Narbonne dans Aleteia (même s’ils sont antérieurs aux élections européennes et à l’annonce du président). Je cite donc Monseigneur Valentin : Le succès d’Un p’tit truc en plus souligne à mes yeux le caractère mensonger du projet de loi sur la fin de vie et mis à l’arrêt suite à la dissolution de l’Assemblée nationale : mensonger, car il présente comme une loi de fraternité ce qui n’est qu’une loi d’indifférence : alors que la loi existante jusqu’à présent ambitionne de soulager la souffrance en fin de vie, celle qui est aujourd’hui suspendue visait à donner la mort. D’un côté, on s’intéresse aux personnes handicapées, on met en lumière la singularité et la richesse de leur vie ainsi que leur joie de vivre. Dans le film, tous ceux qui côtoient les personnes handicapées deviennent meilleurs et trouvent du sens à leur vie ! A Cannes, le film reçoit un accueil très chaleureux. Et, côté politique, on voulait que les personnes handicapées soient éligibles à l’euthanasie, sans considération pour la fécondité de leur vie, si bien exprimée dans ce film. Artus espère que son film va faire bouger les choses. Je l’espère !

Il y a aussi un clin d’œil à la fin du film que je voudrais souligner.

Bruno : Quel est ce clin d’œil ? Expliquez-nous ?

Si vous avez vu le film et que vous avez été attentif, vous avez peut-être remarqué la plaque qui indique le lieu de la scène finale : place Simone Veil. Je ne peux pas imaginer que ce soit juste une coïncidence. Artus veut-il nous inviter à réfléchir à notre capacité à accueillir la différence même quand elle est connue dans le sein de la mère ? C’est en tout cas une très belle pirouette finale ! Décidément ce film est plein de messages positifs.  

Chroniques animées par Bruno Fumat sur les ondes de RCF.

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