Conseil National autoproclamé de la Vieillesse

couple de personnes âgées
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BF : 14 millions de personnes ont plus de 65ans, près de 20 pour cent de la population ! Ca donne quelques raisons d’en prendre soin ! Et pourtant, on vieillit mal en France.

« Nous voulons faire de l’expérience de la vieillesse une expérience heureuse et féconde ». Ces mots dont de Marie de Hennezel dans La Croix. La psychologue très engagée en faveur du bien-être des personnes âgées a choisi de rejoindre le « CNaV – Conseil National autoproclamé de la Vieillesse ». Allusion malicieuse à la CNAV, qui gère nos retraites. Ils sont une quarantaine de personnalités âgées publiques, du monde politique, médical, culturel, universitaire, médias, et autres, à avoir cofondé ce CNaV. Le but ? Imposer la vieillesse comme un thème majeur de la future campagne présidentielle.

BF : Qu’est-ce qui a mis en route ces personnes pour fonder le CNaV ?

S’ils ont décidé de se mobiliser ainsi, c’est qu’ils constatent que la loi grand âge, promise depuis de longues années pour répondre aux grands défis de la vieillesse, n’est toujours pas sortie des cartons, alors même qu’elle était une priorité de ce quinquennat. Conséquence, la situation des personnes âgées en France ne cesse de se détériorer, jusqu’à devenir très maltraitante. La crise sanitaire en est un triste révélateur : « On a privilégié la survie au détriment du sens de la vie », dénonce dans le Monde le Professeur Didier Sicard, en évoquant ce qu’on a fait vivre aux résidents d’EHPAD. Et cela continue hélas, comme le constate tristement Marie de Hennezel dans La Croix : « Les décisions sont prise sous le commandement de la peur, or la peur génère des comportements inhumains ».

C’est un changement de paradigme total que propose le CNaV, qui veut que les vieux ne soient plus séparés du reste de la société et soient partie prenante de l’humanité.

BF : D’accord pour ces constats, mais font-ils des propositions ?

C’est un changement de paradigme total que propose le CNaV, qui veut que les vieux ne soient plus séparés du reste de la société et soient partie prenante de l’humanité : « dans les pays dits primitifs, l’expérience des vieux compte » constate Bernard Kouchner, cofondateur de Médecins du monde. « Il faut associer les vieux aux décisions qui les concernent » ajoute l’ancien ministre. Et sans attendre ! Une dizaine de groupes de travail s’activent déjà, sur la fracture numérique, la mobilité, l’habitat, ou encore l’organisation du futur « Conseil national des personnes vieilles » qu’ils appellent de leurs vœux pour souffler aux gouvernements les mesures adaptées aux personnes âgées dans tous les domaines de la vie publique.

Dans toutes ces déclarations, il y a un mot qui est valorisé et répété de façon inhabituelle: celui de « vieux ». Sans honte aucune, chacune de ces personnalités s’assume vieux ou vieille, et espère que la vieillesse cessera d’être un repoussoir, car ils en sont convaincus : les personnes vieilles sont une richesse dans la société.

Le Père Guy Gilbert, vieux, lui aussi, le dit fort bien dans sa dernière lettre : « La vieillesse est une grâce à vivre. Elle a les dons de l’Esprit ». Et de citer le dicton : « quand un ancien disparait, c’est une bibliothèque qui brule », en appelant de ses vœux qu’on sache recueillir cette richesse.

Philippe de Lachapelle sur RCF – 31 janvier 2021

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