Donner le meilleur de soi-même

Un homme aide un autre homme à se relever.
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Clara : Liege Bastogne Liège. Une course cycliste où il s’est passé un évènement qui aurait pu être dramatique, le champion du monde, Julian Alaphilippe a fait une chute grave qui aurait pu mal finir.

« Je suis très touché par vos messages, mais je pense honnêtement que n’importe qui dans cette situation aurait absolument fait de même ». Ces mots sont de Romain Bardet, coureur cycliste. Lors de la course Liège-Bastogne-Liège, il y a quelques semaines, il s’est trouvé pris dans une chute collective à soixante kilomètres de l’arrivée. « Pour moi, ça allait, mais quand j’ai regardé autour, j’ai vu Julian, peut-être cinq ou six mètres plus bas. Il était dans une situation inquiétante Personne ne venait, alors qu’il avait vraiment besoin d’aide ». Et l’homme d’abandonner spontanément ses ambitions de gagner la course pour aller porter secours à ce concurrent inanimé : «   Il n’y a pas de compétition face au péril de l’intégrité physique » commente-t-il modestement pour expliquer son geste.

Ils nous révèlent à leur manière que la fraternité est première par rapport à l’exploit.

Clara : Ce geste fraternel -rare en compétition- a marqué les esprits, on en a beaucoup entendu parler

 Oui, Clara. Les commentateurs n’ont eu de cesse de saluer le geste du champion qui renonce à la victoire pour secourir son malheureux compagnon. Cette histoire m’a rappelé il y a quelques années une affaire similaire. Ils étaient alors huit sur la ligne de départ, prêts à s’élancer pour un 100 mètres de légende. Ces huit sportifs participaient à une réunion Special Olympics réservée à des personnes handicapées mentales.  Le départ est donné. Deux hommes trisomiques se détachent, qui s’apprêtent à remporter facilement la course. Mais voilà qu’à quelques mètres de l’arrivée, l’homme de tête chute. Le second s’arrête alors, l’aide à se relever, et les voilà tous deux qui franchissent en claudiquant la ligne d’arrivée, en bons derniers, mais tout sourire, les bras en l’air, comme s’ils avaient gagné. Le public ne s’y est pas trompé qui les a ovationnés. « L’important chez nous n’est pas de gagner, mais d’avoir donné le meilleur de soi-même » avait expliqué la directrice générale de Spécial Olympics France.

Clara : on devine que donner le meilleur de soi-même est autre chose que de réaliser un exploit

Ce coureur trisomique, comme le cycliste Romain Bardet, ont bien donné le meilleur d’eux-mêmes en sacrifiant spontanément la victoire à la fraternité. Ils nous révèlent effectivement à leur manière que la fraternité est première par rapport à l’exploit. Ils nous rappellent aussi que l’exploit a encore plus de valeur s’il conduit à la fraternité.

Ca peut être vrai dans le champ sportif, mais pas seulement. Dans notre société où nous sommes sans cesse convoqués sur le registre de la performance et de la compétition, au risque d’y sacrifier la fraternité, le geste de Romain Bardet est une invitation à inverser les priorités pour que la fraternité soit victorieuse en toute chose !

Philippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame – 17 mai 2022

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