Être et ne pas faire, telle est la question ?

etre et ne pas faire

Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 23 avril 2024

« Être et ne pas faire, telle est la question » de Louis Bouffard. Je vous ai déjà parlé de lui dans de précédentes chroniques. Louis est étudiant à la Sorbonne à Paris. Il est atteint de la myopathie de Duchesne depuis l’âge de 2 ans. Il est auteur de deux livres. Un roman publié en 2022 « Lueur dans les tranchées » qui a reçu une mention spéciale du Grand Prix des écrivains catholiques et un livre-témoignage, lumineux, appelé « un cœur joyeux ». On y découvre la vie joyeuse d’un enfant pas comme les autres qui devient un étudiant bien dans ce monde, toujours aussi joyeux. Avec authenticité Louis nous plonge dans sa vie aussi intense que lumineuse entouré de ses 6 frères et sœurs et de ses parents aimants. Avec pudeur et foi, il parle de lui, des différentes étapes de sa vie, de sa dernière sœur née trisomique et de la mort de sa maman à la suite d’un accident. C’est un livre plein de vie et d’histoires 

Simon : Est-ce qu’il y a une histoire en particulier dont vous tirez une leçon ?

Comme je le disais, son livre est lumineux, il nous apporte de nombreux enseignements. Louis raconte que bien souvent il parle en « nous » ou en « on ». Par exemple, il peut dire « on s’est amusé dans la piscine de mes grands-parents » ou « on a décollé la moquette du couloir du premier étage de la maison » … Louis est sincère quand il dit cela parce qu’il l’a vécu. Louis ne quitte pas son fauteuil, il a perdu l’usage de ses jambes et de ses mains, on pourrait trouver exagéré le fait qu’il s’approprie une part du chantier. Mais en réalité, il vit pleinement l’excitation de ses frères et sœurs autour de la piscine, il observe les travaux, donne son avis, encourage, il partage la satisfaction des travailleurs et s’enthousiasme. Il vit. Il ne fait pas mais il est. A sa façon, il participe à l’activité du groupe. Dans cet exemple Louis témoigne de l’interdépendance des êtres humains, de leur complémentarité.

Simon : C’est aussi une invitation à ne pas toujours faire mais à vivre le présent.

En effet Simon, Louis dit que dans ces moments-là, et je le cite : « il s’imprègne jusqu’à la moelle d’une atmosphère, il saisit l’occasion, le privilège de révéler, sans mot, juste en étant, la vraie mesure de l’instant ». Finalement, il nous révèle qu’il n’y a pas qu’une seule bonne situation : celui qui fait n’a pas forcément la meilleure part. En lisant le témoignage de Louis, je pensais au bébé qu’on installe dans son transat au milieu du salon pour qu’il profite de l’ambiance. Personne ne pense qu’il n’a pas sa place au milieu du brouhaha ambiant. Comme nous y invite Louis, comme nous le ferions avec un bébé, invitons les personnes handicapées, aussi dépendantes soient-elles, invitons les personnes âgées devenues aussi complètement dépendantes, au milieu de nos salons, de nos communautés ou de nos places de village. Nous leur permettons ainsi de s’imprégner d’une ambiance, de vivre un instant, d’observer, d’écouter, d’être témoins d’un évènement et d’en être marquées, peut-être plus que celui qui s’agite.

Chroniques animées par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.

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