Handicap et discriminations

young disabled man in wheelchair in front of stairs

Nicolas Entz : Tous les ans , Jacques Toubon, défenseur des droits, publie son rapport d’activité. Celui de 2019 est sorti en tout début d’été. Philippe, du coté des personnes handicapées, ce n’est pas brillant !

« Le handicap, premier motif de discrimination ». C’était la une des journaux ! En 2019, 22% des discriminations concernent le handicap, très loin devant l’origine, 14%, puis l’état de santé, 10%. Hélas, année après année, les unes des médias se répètent. Car c’est cruellement stable depuis 3 ans. C’est triste à dire, mais il ne fait pas bon être handicapé ou malade en France ! 

Nicolas Entz : Sur quoi portent ces situations de discrimination ?

Tous les aspects de la vie quotidienne sont concernés, Nicolas! A commencer par les services publics : « fracture numérique, dématérialisation, recul de la présence humaine ». Autant de formules reprises dans le rapport, qui affectent les plus vulnérables, dont nombre de personnes handicapées mentales ou psychiques. Et pour les personnes en fauteuil roulant, quand il y a un guichet ouvert, alors, c’est l’entrée du site qui n’est toujours pas accessible. Handicap et emploi ne font pas bon ménage non plus. Les discriminations y sont nombreuses ; cet exemple est affligeant, d’un agent en situation de handicap qui voit sa prime diminuée pour compenser les coûts d’aménagement de son poste de travail. Ou encore, l’accès aux soins, si vital en cas de handicap, reste souvent problématique : trop peu de soignants ont les compétences pour prendre en compte certains handicaps qui nécessitent une approche spécifique…  Ainsi, la liste des lieux discriminants, formations, centres de loisirs, cantines, … est si longue, que cette chronique n’y suffirait pas. 

On ne sera pas étonné d’apprendre aussi que le confinement au printemps dernier a révélé et renforcé les situations de discriminations. Par exemple cette maman refoulée d’un supermarché, parce qu’elle était accompagnée de son fils handicapé. Le règlement prévoyait qu’on ne pouvait venir faire ses courses que tout seul. Ce type d’exemple abonde, hélas ! 

Nicolas Entz : Philippe, ce tableau est bien sombre ! Pas une petite lueur d’espoir à partager ?

Si, Nicolas, le confinement a vu fleurir des centaines d’initiatives citoyennes, qui ont été répertoriées sur une plateforme « solidaires-handicaps ». Ce qui a fait dire à Sophie Cluzel, Secrétaire d’état, dans un élan d’enthousiasme : « Cette période douloureuse, qui exacerbe les situations de handicap, sera aussi un accélérateur de nouvelles solidarités ». On aimerait croire comme elle en ce futur radieux ! Mais si on ne veut pas lire les mêmes titres dans les journaux dans un an, alors, pour les personnes handicapées, le monde d’après, ça urge et c’est maintenant !

Phillippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame – 1er septembre 2020

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