Jeunes aidants : en hypervigilance constante !
Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 21 mai 2024
Manon avait 7 ans lorsque son père contracte la maladie de Parkinson. Gabrielle, elle, avait 10 ans lorsque son père a eu un grave accident de voiture. Mathilde a grandi avec un petit frère atteint d’une maladie rare. Manon, Gabrielle, Mathilde font partie de ces « jeunes aidants » à qui les journalistes de la revue Ombres & Lumière que publie l’OCH donnent la parole dans son dernier numéro. Tout un dossier leur est consacré pour sensibiliser les lecteurs et rejoindre ceux qui n’oseraient pas parler de ce statut dont il est si difficile de dessiner les contours.
Simon : Est-ce que ce terme de « jeunes aidants » a une définition ? Qui sont-ils en réalité ?
Il s’agit de ces enfants, adolescents ou jeunes adultes de moins de 25 ans, qui, un temps ou de façon plus pérenne, viennent en aide régulièrement ou de façon significative à un proche malade ou handicapé. Le proche peut être un parent, un frère ou une sœur. Amarantha Bourgeois, directrice de l’association Jade, Jeunes AiDants Ensemble, dit de ces jeunes qu’ils sont en hypervigilance constante. Mathilde, une des témoins, le décrit très bien quand elle raconte que ses parents, qui pourtant ont toujours veillé à ce que leur fille ne se préoccupe pas des soins, vivait constamment avec la maladie de son petit frère, que cela la stressait, qu’elle surveillait tout le temps sa glycémie. Amarantha distingue les jeunes qui apportent une aide concrète régulière comme faire les courses, remplir des papiers administratifs, aller chercher des médicaments à la pharmacie, accompagner son proche à un rendez-vous médical et ceux qui sont dans une présence à l’autre, qui apportent un confort psychique. Dans l’accompagnement de ces jeunes aidants, le poids émotionnel est à prendre en compte.
Simon : De quoi ont besoin ces jeunes aidants ? A quoi faut-il veiller ? C’est une réalité dont on parle peu.
C’est en effet, Simon, une réalité peu visible et le concept d’aidant est récent. Wassim témoigne dans ce dernier numéro d’Ombres & Lumière. Il est fils unique et sa maman souffre d’une maladie neurologique très douloureuse et fatigante. Il parle avec beaucoup de simplicité de sa vie et dit : « Mais en fait c’est quelque chose de normal ce que je fais. Oui j’aide ma maman. Mais bon, je ne suis pas médecin ou infirmier non plus. C’est normal d’aider sa mère si elle en a besoin ». Il me semble que son témoignage répond à vos questions. Rendre service, prêter main-forte est normal. A quel moment cette aide n’est-elle plus ajustée ou devient nocive ? il semblerait que tous ces jeunes aidants ne s’autorisent pas à dire non et que certains développent des fragilités physiques et psychologiques : décrochage scolaire, trouble de l’attention, vies sociale et amicale trop peu développées … Ils développent aussi de belles capacités d’écoute et d’adaptation à encourager. Leurs expériences les ouvrent parfois à des métiers de soin. Dès aujourd’hui, achetez le dernier numéro de la revue « Ombres et lumière » en appelant l’OCH pour mieux découvrir la vie des jeunes aidants.
Chroniques animées par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.