L’Adamant : un documentaire poignant !

©️ France Télévisions « Sur L’Adamant » de Nicolas Philibert (2023).
Radio Notre Dame

L’Adamant est un centre de jour de psychiatrie à Paris pour les 4 premiers arrondissements de la capitale. C’est un lieu de soin pour adultes souffrant de troubles psychiques. Ce bâtiment flottant unique en son genre est organisé à partir d’accueil individuel et de groupes, à visée thérapeutique. La beauté du lieu avec ses grandes baies vitrées qui laissent passer la lumière et sa proximité avec l’eau nous font un peu oublier le style fonctionnel des hôpitaux.

Nicolas Philibert, cinéaste français, a grimpé à bord de cet hôpital de jour amarré sur la Seine, pour y tourner un documentaire incroyable d’authenticité, d’ailleurs récompensé par l’Ours d’Or au festival de Berlin. Il est nommé « Sur l’Adamant », en salle depuis près d’un mois.

Simon : Que voulez-vous dire par incroyable authenticité ?

Nicolas Philibert a posé ses caméras sur la péniche. Il nous laisse vraiment le temps de découvrir chaque passager filmé au plus près. S’il ne cache rien de leurs maux (m-a-u-x), il capte aussi leurs mots (m-o-t-s), leur sensibilité, leur humour parfois, leur lucidité et la richesse de leur créativité.

Autour d’un café, à travers les temps d’ateliers thérapeutiques d’art, de musique, de confection de confiture, ou en réunion du matin, Nicolas nous immerge au cœur de la psychiatrie où le soin, l’écoute, l’accueil permettent aux patients de révéler le meilleur d’eux-mêmes.

L’équipe qui anime ce lieu atypique offre un cadre de soin structurant, rassurant et humanisant. Alors que la psychiatrie fait encore si souvent l’objet de peurs, sources de grandes souffrances pour les personnes malades et leurs proches, ce documentaire audacieux bouscule parce qu’il nous fait découvrir un monde poétique dans l’ordinaire de la maladie. La rencontre avec chaque patient et ses soignants est une véritable bouffée d’air frais pleine de vie.

Souvenons-nous que nous sommes tous des êtres précieux (…) A notre tour, soyons attentifs à ces personnes en souffrance psychique.

Florence Gros

Simon : Que retenez-vous de ce documentaire ?

Je retiens bien sûr les visages, les prénoms (Jacqueline, François, Nicolas …), les voix …et aussi la fin du documentaire. Le film se termine dans le brouillard. Le cinéaste l’a voulu comme un éloge au flou, pour nous interroger sur ce qu’est la normalité. Et en effet ce documentaire est une invitation à rejoindre chacun des passagers dans une humanité commune au-delà de nos différences liées à la maladie.

Je cite le cinéaste qui éclaire mon propos. Il raconte : « J’ai toujours été très attentif et très attaché au monde de la psychiatrie. Un monde à la fois dérangeant et j’ose le dire comme ça, très stimulant : il nous donne constamment à réfléchir sur nous-mêmes, sur nos limites, nos failles, sur la marche du monde. La psychiatrie est une loupe, un miroir grossissant qui en dit long sur notre humanité. Pour un cinéaste c’est un champ inépuisable. »

Et pour nous la possibilité de nous réconcilier avec nos fragilités qui ne peuvent étouffer tout ce qu’il y a de beau et tendre en nous. Le nom Adamant est une contraction d’adamantin qui désigne le cœur du diamant. Souvenons-nous que nous sommes tous des êtres précieux. Nicolas, le cinéaste, s’est montré attentif aux passagers et aux interactions entre eux. On a envie de chanter avec eux, de danser. A notre tour, soyons attentifs à ces personnes en souffrance psychique et laissons-nous bousculer par les infinies manières d’exister.

Florence Gros sur Radio Notre Dame – 16 mai 2023

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