La maltraitance des personnes vulnérables en hausse

Personne âgée qui a l'air triste. Elle a la tête dans ses mains.
@ Adobe Stock

Valentin Deleforterie : On n’en parle jamais assez : la maltraitance des personnes vulnérables est un mal qui ne cesse d’augmenter dans notre société.

« La maltraitance des personnes âgées ou handicapées bondit après les confinements ». C’était le titre de Ouest-France le 23 aout dernier, au vu du rapport annuel de la Fédération3977 – c’est le numéro dédié aux signalements de maltraitances. 36% d’appels en plus en 2020, c’est énorme ! Ces violences peuvent être de toute nature, comme le précise la commission nationale dédiée à ce sujet : « Il y a maltraitance d’une personne vulnérable lorsqu’un geste, une parole, une action ou un défaut d’action, porte atteinte à son développement, ses droits, ses besoins fondamentaux, sa santé, et que cette atteinte intervient dans une relation de confiance, de dépendance, de soin ou d’accompagnement ». A domicile comme en établissement, le spectre est large donc !

Cette hausse de maltraitances est constante depuis plusieurs années. Sans doute les violences sont-elles plus nombreuses, mais aussi la vigilance sur ces sujets est plus développée. C’est ce que constate Pierre Czernichow, président de la Fédération3977 : « Il existe aujourd’hui des formes de violences et de négligences qui auraient semblé supportables il y a quelques années, mais qui ne sont plus acceptables ».

L’enjeu n’est pas seulement la bientraitance des plus vulnérables. Il est de construire un monde plus humain, plus fraternel.

Valentin Deleforterie : On peut imaginer que le Covid n’est pas étranger à cette hausse en 2020 ?

Avec ses confinements successifs, il a été un facteur majeur d’augmentation de ces actes de maltraitance, Valentin. C’est vrai à domicile, où Pierre Czernichow pointe les cohabitations forcées, parfois dans une grande promiscuité, et dans un contexte d’angoisse que la pandémie générait. C’est vrai aussi en établissements : rappelez-vous la violence des enfermements en Ehpad. « Si vous coupez un résident de ses liens sociaux, vous le tuez à peu près aussi certainement que le Covid » explique Pierre Czernichow.

Valentin Deleforterie : Peut-on espérer une amélioration ?

Hélas, Valentin, on peut craindre au contraire que cela s’aggrave. On connait les limites des dispositifs de maintien à domicile, on sait aussi la situation difficile des établissements : personnel épuisé, démissions… Pierre Czernichow regrette vivement que la loi grand âge et dépendance soit sans cesse repoussée. Il a raison, d’autant que l’enjeu n’est pas seulement la bientraitance des plus vulnérables. Il est de construire un monde plus humain, plus fraternel. Le Pape François écrivait le 25 juillet dernier : « Nous ne sortirons plus les mêmes de cette crise. Nous sortirons meilleurs ou pires… -et d’ajouter à l’intention des personnes âgées- On a besoin de toi pour construire, dans la fraternité et dans l’amitié sociale, le monde de demain ». Puissions-nous entendre cet appel !

Philippe de Lachapelle sur Radio Notre-Dame21 septembre 2021

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